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Sommaire


Par R. Bourdeix, 2023
Les informations présentées sur ce site ont été mises à jour dans le cadre de missions commanditées pour la plupart par le Ministère de l'Agriculture de Polynésie française. L'un des objectifs de ces missions était de cataloguer les variétés de cocotier du Fenua et d'organiser leur conservation. Ces variétés, dont la plupart ont été crées par les anciens polynésiens, constituent un important capital agricole, culturel et social. Elles peuvent notamment servir à créer de nouvelles variétés performantes pour les agriculteurs et à diversifier les produits de la filière cocotier.

Nouvelles locales et internationales du monde du cocotier
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  • En 2022, nous avons publié un poster illustrant les fabuleuses variétés de cocotier recencées en 2021 en Polynésie Française.
Pour voir l'ensemble du poster,Cliquez sur la photo!
  • En 2022, publication d'un  film de 7 minutes sur les cocotiers Nains Compact en Polynésie française
Cliquez sur l'image pour voir le film

 Les variétés de cocotier en Polynésie Française

On trouvera les informations suivantes:
      1. Les Nains Compacts Polynésiens et les "Super Nains"
      2. Les Ha'ari Papua
      3. Les Nains à Troncs Fins, 
      4. Les types Grand
      5. Les types Semi-Grand, et 
      6. Les cocotiers hybrides, qui résultent de croisement entre ces différents types.  
  • Des études particulières concernent les variétés et formes rares de cocotier, et en particulier:  les cocotiers  à corne; les cocotiers médicinaux; les Kaipoa à bourre tendre et/ou sucrée; les Pia dont l'amande est parfois tendre et gélatineuse; ceux à noix rayéesceux dont les jeunes fruits changent de couleur; ainsi qu'un rare cocotier de Fakarava semblant produire des rejets comme un bananier!
  • Les variétés de cocotier sont l'une des richesses des traditions polynésiennes. Voulez-vous créer une micro-collection, ou vendre des semences de cocotier? Nous encourageons ces initiatives privées qui permettront la constitution ultérieure de la Collection de Variétés de Cocotiers de Polynésie Française, et contribueront à développer le marché privé nullsemences de cocotier au Fenua. A Hawaï, par exemple, un jardinier vend à 100 USD l'unité des plants d'une certaine variété de cocotier nains, bien moins belle que certaine que l'on trouve au Fenua...
  • Une description des  méthodes de prélèvement foliaires pour réaliser des analyses ADN qui peuvent contribuer à l'identification variétale.
  • Une réflexion sur l'organisation de concours variétaux en 2020.
  • Une bibliographie reproduisant les listes variétales établies dans le passé par les divers chercheurs et écrivains s'étant penché sur le sujet.

  Collecte et conservation de la diversité des cocotiers 

  Amélioration génétique et sélection des variétés de cocotier 


La Direction de l'Agriculture est le principal pourvoyeur de semences de cocotier. En 2019, elle produit à Raiatea des hybrides (Nain Vert Brésil x Grand Rangiroa) ou des plants de Nain Vert Brésil. Quelques opérateurs privés (en général des retraités) vendent en quantité réduite des plants de Nain Jaune Malaisie "Tahiti" et de Nain Vert Compact. Il existe une réelle opportunité de développer de petites entreprises privées vendant des semences de cocotier en Polynésie Française.
Recherche agricole, techniques et semences


  Traditions polynésiennes et aspects culturels  

Une publication d'ethnobiologie, disponible seulement en anglais, propose une description des mécanismes de perte de diversité variétale et de savoirs traditionnels concernant la la cocoteraie de Polynésie Française, et des solutions proposées par les scientifiques pour tenter de limiter ces pertes.

les îles nées d'un cocotier telles que racontées par les habitants de Fakarava, 
Le cocotier dans le Heiva: un présent et de possibles futurs
Comment accroître la consommation de produit du cocotier dans l’hôtellerie locale
Consommation des produits du cocotier en Polynésie Française
A la recherche des variétés perdues...
D'anciens livres parlent de la cocoteraie de l'île d'Anaa, qui serait à l'origine de la plupart des cocoteraies des Tuamotu, et des premiers habitant de ces îles.
Quelques données d'archives, issus essentiellement de recherches menées par R. Bourdeix sur Gallica, fournissent des informations anciennes sur l'agriculture et la population de la Polynésie Française. 

Tuamotu
"Contrary to the present situation, there existed in the Tuamotu group in pre-European times very few coconut palms, and on uninhabited atolls there were no coconut trees at all. This fact is proved not only by the numerous native traditions but also by the observations of the first European visitors to the group.'" 

33. Les cocotiers Riata produisant un grand nombre de petits fruits

Par R. Bourdeix, 2017 et 2019

En Polynésie française, ces cocotiers sont nommés Riata ou Reita, ou parfois Makire. Dans son livre "Tahiti aux temps anciens" datant de 1848, Teuira Henry cite la variété Riata décrite comme produisant de tout petits fruits, mais sans préciser leur nombre.

Le Grand Riata se caractérise par la production de gros régimes contenant un grand nombre de tout petits fruits. Il semble qu’il existe deux types de Riata : chez le premier, la forte production de petits fruits est régulière ; chez le second, plus répandu, le cocotier peut produire à certaines périodes un grand nombre de petits fruits, puis revenir à une production d’un nombre moyen de fruits plus gros. Seule l’observation régulière des cocotiers durant plusieurs années permet de distinguer ces deux types.

Conservation et diffusion

En Polynésie française, la variété Riata semble en voie d'extinction. Elle se dilue progressivement et disparait parmi les cocotiers "industriels" sélectionnés pour la production de coprah au cours des dix-neuvième et vingtième siècles. Moins d’une dizaine de cocotiers ont été observés, dont l'un à Arue à Tahiti, un autre à Moorea, à l'entrée de la baie de Cook, et un aussi dans le village de Rangiroa. Il n'a pas été localisé d’endroit sur lequel plusieurs de ces cocotiers seraient réunis. En 2021, cette variété polynésienne n’est pour l’instant conservée dans aucune collection. A noter que sur l’atoll de Tatakoto, le terme « Makire » ne désigne pas les Riata mais plutôt des cocotiers très chargés dont les régimes avortent, se détachant avant maturité du fait de leur poids important.

D’autres variétés de cocotier produisant un grand nombre de petits fruits, originaires de Fidji et d’Inde, sont conservées dans plusieurs collections nationales ou internationales. A Fidji, sur l'île de Taveuni et autour du village de Somo Somo, une population de ce type, dénommée Niu Drau or Bula Drau, a été décrite depuis les années 1960. En Inde une variété de cocotier très connue, dénommée le "grand Laccadives Micro", produit aussi une multitude de fruits minuscules. Les vocables Laccadives, Laquedives et Lakshadweep désignent le même archipel indien. Situé dans la mer d’Oman, à cent kilomètres à l’Ouest du continent, il regroupe 27 îles coralliennes dont 10 seulement sont habitées.

Origine et histoire

Dans l’ancien temps, en Mélanésie, Micronésie et Polynésie, ces cocotiers étaient utilisés lors des cérémonies et des fêtes. Lorsqu’il n’y avait pas assez de grosses noix pour tout le monde, on donnait à chacun des invités l'une de ces petites noix très sucrées pour se désaltérer. A Tuvalu par exemple, les gens nomment ces cocotiers "wedding coconut", littéralement "cocotiers de noce". Le Nain Ha’ari Papua Rouge, qui produit un grand nombre de petits fruits, jouait un peu le même rôle ; il a d’ailleurs tendance à remplacer les cocotiers Riata dans les jardins et plantations.

Comment l’identifier ?

Ces cocotiers produisent des gros régimes contenant souvent cinquante à cent tout petits fruits. Comme les fruits sont serrés sur les régimes, ils prennent assez souvent une forme pointue du coté du pédoncule. La bourre des fruits est généralement fine et l’amande épaisse. Après avoir donné quatre ou cinq de ces énormes régimes, il peut arriver que ces cocotiers s’arrêtent de fructifier pendant quelques mois, ou se mettent à produire moins de fruits plus gros.

En Inde, dans l’archipel des Laccadives, les arbres "micro" sont peu fréquents et dispersés parmi les plantations de cocotiers ordinaires, à fruits plus gros et moins nombreux. Tous ces cocotiers, « micro » et « ordinaire » se croisent l’un avec l’autre sans contrôle. Un chercheur indien a émis l’hypothèse qu’il existerait, dans la population naturelle, tous les intermédiaires possibles entre les deux types « micro » et « ordinaire ».

En Polynésie et ailleurs, tous les cocotiers produisant un grand nombre de petits fruits ne sont pas nécessairement des "Riata". Certains cocotiers se révèlent partiellement stériles; d'autres, pour diverses raisons, peuvent manquer de pollen pour la fécondation. Parfois, certains insectes ou mollusques attaquent la partie fertile des fleurs femelles, empêchant ces dernière d'être fécondées. Dans ce cas il arrive que se développent une multitude de petites noix vides. Souvent, mais pas toujours, ces fruits avortent avant maturité ; sinon ils se développent de façon parthénocarpique, c’est à dire qu’ils ne contiennent pas de noix mais seulement de la bourre. Comme l'arbre donne finalement peu de fruits, ou que ses fruits sont vides, il ne se fatigue pas et produit alors des inflorescences de plus en plus grosses et chargées de centaines de fleurs femelles. Dans ce cas là, malgré la présence d'un grand nombre de petits fruits, il ne s'agit pas d'une variété Riata, mais juste d'une question d'absence de fécondation des fleurs femelles.

Production et rendement

Les observations réalisées dans la collection internationale de Côte d’Ivoire sur la variété indienne montrent que certains cocotiers, précédemment normaux, se mettent à produire pendant quelques mois une multitude de fruits minuscules, puis retournent ensuite à une production normale. Ainsi, en Côte d’Ivoire, un cocotier de cette variété a produit selon les périodes des fruits pesant de 200 g à 1 100 g. On retrouve cette gamme de variation sur certains cocotiers Riata en Polynésie française. Moins les fruits sont nombreux, plus ceux-ci sont gros. Le même cocotier pourrait donc être successivement de type «micro» et «ordinaire». Cela dit, tous les cocotiers ne se comportent pas de façon aussi étrange, et seuls certains d'entre eux semblent capables d'extérioriser le phénotype "micro".

En Inde, les petits fruits de cette variété sont traditionnellement utilisés pour la fabrication d'une friandise dénommée "Ball copra". Après élimination de la bourre, les noix sont mises à sécher, en général juste sous le toit des maisons, dans un endroit ventilé. L'amande sèche alors sans pourrir. D’aspect légèrement translucide, la chair blanche devient caoutchouteuse, sucrée et parfumée. Se détachant de la coque, l’amande est extraite d'une seule pièce et vendue comme friandise. Les variétés de type Riata pourraient être utilisée en paysagisme. Leur esthétique évoque l'abondance et la profusion. Les fruits légers sont peu dangereux pour l'homme lorsqu'ils tombent. Enfin, certains tout petits fruits peuvent servir à confectionner des objets artisanaux particuliers, comme... des coquetiers en cocotier. !

Références



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Dans l’ancien temps, en Mélanésie, Micronésie et Polynésie, ces cocotiers étaient utilisés lors des cérémonies et des fêtes. Lorsqu’il n’y avait pas assez de grosses noix pour tout le monde, on donnait à chacun des invités l'une de ces petites noix très sucrées pour se désaltérer. A Tuvalu par exemple, les gens nomment ces cocotiers "wedding coconut", littéralement "cocotiers de noce".

Cocotier Makire photographié à Arue, Tahiti

Le même cocotier, Arue, Tahiti
Ces cocotiers produisent des gros régimes contenant souvent cinquante à cent tout petits fruits. Après avoir donné quatre ou cinq de ces énormes régimes, il peut arriver que ces cocotiers s’arrêtent de fructifier pendant quelques mois, ou se mettent à produire moins de fruits plus gros. 
En Polynésie Française, ces cocotiers sont nommés Reita ou Riata, ou encore Makire. Teuira Henri, dans son livre "Tahiti aux temps anciens" datant de 1848, parle de la variété Riata décrite comme produisant de tout petits fruits, mais sans préciser leur nombre.
En Polynésie Française, j'ai observé seulement trois cocotiers de ce type, l'un à Arue à Tahiti, l'autre à Moorea à l'entrée de la baie de Cook, et le dernier dans le village de Rangiroa; il n'a pas été localisé de site ou plusieurs de ces cocotiers seraient réunis. En revanche à Fiji, sur l'île de Taveuni et autour du village de Somo Somo, j'ai observé ce type de population, dénommée Niu Drau or Bula Drau, qui a d'ailleurs été décrite par d'autres botanistes (McPaul, 1963; Parham, 1966).

Dans les années 2000, j'ai organisé la collecte d'une variété similaire sur l'atoll de Funafuti, dans l'archipel des Tuvalu (Micronésie). La photographie ci-contre illustre la récolte des semences. Pour une partie des semences, leurs embryons ont été extraits puis transférés in vitro dans la Collection Internationale de Cocotier pour la région Pacifique. Cette collection est située à Madang, en Papouasie Nouvelle Guinée.


En Polynésie Française, il semble que que la variété Makire soit en voie d'extinction: elle se dilue progressivement et disparait parmi les cocotiers "industriels" sélectionnés pour la production de coprah au cours du vingtième siècle. Très probablement, une étude approfondie, incluant des mesures phénologiques et des test ADN, montrerait qu'il existe en Polynésie Française plusieurs types de Makire, qu'il serait important de sauvegarder. Il est aussi possible que l'on retrouve des Makire parmi les cocotiers nains.
Tous les cocotiers produisant un grand nombre de petits fruits ne sont pas nécessairement des "Makire". En effet, certains cocotiers se révèlent partiellement stériles; d'autres, pour diverses raisons, peuvent manquent de pollen pour la fécondation. Il se peut par exemple qu'il n'y ait pas de pollen disponible au moment durant lequel les fleurs femelles sont réceptives. Il semble aussi que parfois, certains insectes ou mollusques attaquent la partie fertile des fleurs femelles, les empêchant alors d'être fécondées. Dans ce cas il arrive que se développent une multitude de petites noix vides. Souvent, mais pas toujours, ces fruits avortent avant maturité.
Comme l'arbre donne finalement peu de fruits, il ne se fatigue pas et produit alors des inflorescences de plus en plus grosses et chargées de centaines de fleurs femelles. Ces fleurs avortent à leur tour, et le phénomène se reproduit. Dans ce cas là, malgré la présence d'un grand nombre de petits fruits, il ne s'agit pas d'une variété Makire ou Riata, mais juste d'un problème d'absence de fécondation des fleurs femelles.

Nous avons observé un cas extrême à Tonga: un cocotier de type Nain Niu Leka donnait des centaines de minuscules fruits, mais ces fruits étaient vides et ne contenaient que de la bourre, sans noix de coco à l'intérieur.

Grand Laccadives Micro d'Inde
En Inde une variété de cocotier très connue, dénommée le "grand Laccadives Micro", qui produit aussi une multitude de fruits minuscules. Les vocables Laccadives, Laquedives et Lakshadweep désignent le même archipel indien. Situé dans la mer d’Oman, à cent kilomètres à l’Ouest du continent, il regroupe 27 îles coralliennes dont 10 seulement sont habitées.
Dans l’archipel des Laccadives, les arbres "micro" sont peu fréquents et dispersés parmi les plantations de cocotiers ordinaires, à fruits plus gros et moins nombreux. Tous ces cocotiers, « micro » et « ordinaire » se croisent l’un avec l’autre sans contrôle. Un chercheur indien a émis l’hypothèse qu’il existerait, dans la population naturelle, tous les intermédiaires possibles entre les deux types « micro » et « ordinaire ».
Les observations réalisées en Afrique sur cette variété suggèrent une autre explication. En fait, certains arbres, précédemment normaux, se mettent à produire pendant quelques mois une multitude de fruits minuscules, puis retournent ensuite à un comportement normal. Ainsi, en Côte d’Ivoire, un cocotier de cette variété a produit selon les périodes des fruits pesant de 200 g à 1100 g Moins les fruits sont nombreux, plus ceux-ci sont gros, comme l’illustre la photographie de régimes ci-contre. Le même cocotier pourrait donc être successivement de type « micro » et « ordinaire ». Ceci dit, tous les cocotiers des îles Laccadives ne se comportent pas de façon aussi étrange, et seuls certains d'entre eux semblent capables d'extérioriser le phénotype "micro".
En Inde, les petits fruits de cette variété sont traditionnellement utilisés pour la fabrication d'une friandise dénommée "Ball copra". Après élimination de la bourre, les noix sont mises à sécher, en général juste sous le toit des maisons, dans un endroit venté. L'amande sèche alors sans pourrir. D’aspect légèrement translucide, la chair blanche devient caoutchouteuse, sucrée et parfumée. Se détachant de la coque, l’amande est extraite d'une seule pièce et vendue comme friandise. Les variétés Makire pourraient être utilisée en paysagisme. Leur esthétique évoque l'abondance et la profusion. Les fruits légers sont peu dangereux pour l'homme lorsqu'ils tombent. Enfin, certains tout petits fruits peuvent servir à confectionner des objects artisanaux particulers, comme par exemple... des coquetiers en cocotier.

Comment sauvegarder cette variété?
  1. Prospecter en Polynésie Française afin de retrouver au moins une quinzaine d'arbres Makire, si possible groupés sur un même site, sinon dispersés. Choisir de préférence des arbres verts si ce choix est possible.
  2. En fonction de l'observation des caractéristiques des cocotiers, il pourra être décidé de constituer une ou plusieurs populations de Makire. Par exemple, s'il s'avère que certains Makire produisent des fruits pointus  alors que d'autres produisent des fruits nettement plus ronds, on pourra être amené à constituer deux populations distinctes de Makire.
  3. Prélever une vingtaine de fruits par cocotier et les mettre en pépinière pour germination.
  4. Après un an en pépinière, il faudra planter 100 à 200 cocotiers issus de  Makire, si possible groupés dans une zone présentant un  certain isolement reproductif. . Il s'agit de lieux autour desquels il n'y a pas d'autres cocotiers plantés. Ces lieux peuvent par exemples être des petits motu ou de petites îles volcaniques, des fonds de vallées, ou encore des plantations d'autres espèces arboricoles. Si plusieurs sortes de cocotier Makire ont été identifiées, il faudra si possible réaliser cette isolation pour chacune d'entre elles.
  5. Au bout de cinq à sept ans, ces cocotiers commenceront à fructifier. Cependant, comme ces cocotiers ne proviennent pas d'une variété certifiée mais d'un mélange variétal, tous ne présenteront pas les caractéristiques Makire. Il faudra donc observer ces cocotiers et, dans un délai de deux à trois ans, éliminer entre la moitié et les deux tiers des cocotiers plantés afin de ne garder que ceux qui présentent vraiment les caractéristiques Makire.
  6. Ainsi, après un processus s'étalant sur une dizaine d'années, la ou les variétés Makire seront sauvegardées, et la Polynésie Française sera dotée d'une source de semences certifiées pour cette variété.
Nous recherchons toute personne, association ou institution intéressée par s'associer à ce projet de sauvegarde du patrimoine variétal Polynésien. D'autre part, si vous connaissez d'autres cocotiers de type Makire en Polynésie Française, cette information nous sera précieuse.

Pour en savoir plus
Henry, T. 1928. Ancient Tahiti. Bernice P. Bishop Bulletin 48. Honolulu: Bishop Museum Press.

32. Grand Polynésie Nape utilisés pour les fibres de la bourre

Par R. Bourdeix, 2006 et 2019.

Avez-vous déjà entendu parler des noix de coco les plus longues du monde? On les trouve dans les îles de Polynésie et de Mélanésie. Ces variétés ont été spécialement sélectionnées pour l'utilisation des fibres de la bourre (enveloppe du fruit), qui servaient à faire de la corde. Dans l’ancien temps, les pirogues en bois étaient fabriquées sans utiliser de clous, en attachant les planches avec ce type de corde. Ces cocotiers sont connus en Polynésie française sous les appellations Nape, Puru, ou Rau.

La plupart des variétés de cocotier peuvent être utilisés pour les fibres de la bourre, qui ont un grand nombre d'utilisations: fabrication de cordes, de paillassons, de géotextiles, de matériau support pour la culture hors sol, de récipients biodégradables pour l'horticulture...En 2010, la Chine utilisait la bourre de coco pour la confection de matelas, l'Inde et le Sri Lanka, les plus gros producteurs mondiaux de fibre de coco, n'arrivaient pas à honorer les commandes chinoises. Les variétés de type Nape fournissent les fibres les plus longues.

Conservation et diffusion

A l’heure actuelle, le Grand Polynésie Nape n’est conservé dans aucune collection. Cette variété est en voie de disparition. Il en existe probablement moins d’un millier de cocotiers en Polynésie française, disséminés dans les plantations destinées à la production de coprah, et plus ou moins mélangés aux autres variétés. Dans les champs des agriculteurs, Il n’existe pas à notre connaissance de plantation où sont regroupés plus de deux ou trois cocotiers de ce type. Des variétés voisines existent à Samoa, Tonga et Fidji.

Analyse des fruits des cocotiers de la collection d’Olomanu, dont le Grand Niu Afa, à Samoa en 2001. Cette collection est maintenant détruite et non remplacée (en 2021), le terrain ayant été récupéré par le gouvernement pour d’autres activités. © R. Bourdeix, 2021.


Origine et histoire

A Samoa, les variétés de cocotier ont été répertoriées par Christophersen en 1935. Ce dernier décrit son « spécimen n°3612 », sous le nom de Niu ’afa, comme : « fruits gros, longs et relativement étroits dont l'enveloppe est privilégiée pour la fabrication de corde ('afa). »

A Tonga, des cocotiers similaires appelés ‘Niu Kafa’, dont disséminés dans les cocoteraies et les villages des îles de Tongatapu et Vavau ; leurs fruits sont cependant plus petits qu’à Samoa. En 1963 à Fidji, McPaul a identifié 6 variétés locales dont l’une était « Niu Ni Magimagi », décrit comme un cocotier Grand produisant de gros fruits allongés avec une enveloppe épaisse. Nous avons observé et photographié toutes ces variétés qui, à l’exception de la couleur du fruit, semblent proches des Grand Nape de Polynésie française.

En 1978, Feu le botaniste Hugh Harries a développé en une théorie sur l'évolution et la dissémination du cocotier. Il a utilisé le nom « Niu Kafa » pour décrire un cocotier dit « sauvage »: l'évolution naturelle et la dissémination par flottage aurait produit une variété aux fruits gros, longs, anguleux, à coque épaisse et à germination lente ; la sélection humaine aurait produit une variété à fruits sphériques, pas nécessairement plus grande mais avec une amande plus lourde, une épaisseur de coque réduite, une germination plus précoce et une résistance à certaines maladies. Cependant, à notre avis, les énormes fruits actuellement connus sous le nom de "Niu Afa" à Samoa, Niu Kafa aux Tonga, Magimagi aux Fidji et Nape au Fenua ne sont pas des types sauvages mais bien des variétés créées par les insulaires pour l'utilisation de la bourre. Peut être qu’elles ont été sélectionnées à partir d’un type archaïque sauvage, mais cela reste à démontrer.

Comment l’identifier ?

Les cocotiers Nape produisent des fruits de grande taille, beaucoup plus longs que larges, et présentant une proportion importante de bourre. Les plus grands fruits atteignent 40 cm de long. La majorité des cocotiers Grand Nape produit des fruits de couleur brune. Les formes vertes sont beaucoup plus rares. A l’intérieur du fruit, les noix sont généralement de taille moyenne, d’une forme ronde ou légèrement ovale. Cependant certains cocotiers produisent des noix beaucoup plus allongées, pointues aux deux bouts (voir le fruit de droite sur la planche variétale). Il semble donc qu’il existe au moins deux types, qui pourraient correspondre à des variétés proches mais sélectionnée indépendamment. La forme aux noix pointues ressemble plus à celles que l’on rencontre ailleurs en Polynésie.

A Samoa, Tonga et au Fidji, les variétés similaires sont toujours de couleur verte, et présentent souvent un stipe (tronc) plus fin et moins rectiligne, avec un bulbe basal peu marqué. Les plus longs fruits atteignent 45 cm de long.

Production et rendement

Ces cocotiers sont essentiellement utilisés pour les longues et solides fibres de leur bourre. Ils sont parfois consommés comme noix à boire ou encore pour faire du lait de coco ou du coprah, mais il ne s’agit pas de leur finalité première. Les cocotiers Nape produisent généralement un nombre moyen de gros fruits, de l’ordre de 40 à 70 par an en moyenne selon les conditions. A Taha’ a, les fruits observés pesaient 2.5 kg avec une bourre d’environ 1.5 kg et une amande d’environ 500 g. A Anaa, les fruits étaient moins lourds, 2 à 2.2 kg. A Makemo, l’amande pesait 450 g.

A Moorea, Mme Hinano Murphy nous a parlé d'un artisan créateur de bijoux mêlant fibre de coco et perles noires, qui dit reconnaître des qualités différentes de fibres selon les cocotiers : la plupart des fibres présentent des barbes qui les rendent irrégulières, quelques rares cocotiers ont des fibres parfaitement lisses et de meilleure qualité.  Il semble donc qu'il existe des différences non seulement pour la longueur des fibres mais aussi pour leur qualité. Il serait intéressant de caractériser ces différences de fibres d’un point de vue variétal, technologique et scientifique; et bien sur de reproduire et sauvegarder ces cocotiers Nape à fibre lisse.

De gauche à droite : photographies de douze fruits des variétés Niu Ni Magimagi (Fidji), Niu afa (Samoa), Niu Kafa (Tonga). Ces images sont à comparer avec celle présentée sur la planche variétale du Grand Nape de Polynésie française. © R. Bourdeix, 2001 et 2005. 


Références

Bourdeix R., Tuia V., Fili M., Kumar V. 2002. Coconut varieties of "Niu Kafa" Cogent Newsletter, 5 p. 14-15.

Bourdeix R., P. Batugal, J.T. Oliver and M.L.C. George. 2010. Catalogue of Conserved Coconut Germplasm. Bioversity International, Serdang, Malaysia. 399 p. Disponible en ligne à l’adresse: http://www.cogentnetwork.org/index.php/conserved-germplasm-catalogue.

Christophersen, E. (1935). Flowering plants of Samoa. Honolulu: Bernice P. Bishop Museum.

Harries, H. C. (1978). The evolution, dissemination and classification of Cocos nucifera L. The botanical review, 44(3), 265-319.

McPaul, J. W. (1963). Coconut growing in Fiji (No. 38). Department of Agriculture, Fiji.




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La plupart des variétés de cocotier peuvent être utilisés pour les fibres de la bourre, qui ont un très grand nombre d'utilisation: fabrication de cordes, de géo-textiles, de récipients écologiques bio-dégradables pour l'horticulture... La Chine utilise la bourre de Coco pour la confection de matelas: en 2010, l'Inde et le Sri Lanka, les plus gros producteurs mondiaux de fibre de coco, n'arrivaient pas à honorer les commandes considérables de fibres de coco réalisées par la Chine.


L'unique cocotier de type "Nape"
identifié sur l'île de Raiatea
(-16.852497, -151.479603)
Les Polynésiens ont développé des variétés spécialement conçues pour l'utilisation des fibres de la bourre. Les "champions" dans ce domaine sont les Samoan, avec leur célèbre variété Niu afa.
Ces cocotiers, connus en Polynésie Française sous les appelations Nape, Puru, ou Rau-‘aha regroupent plusieurs variétés polynésiennes spécialement sélectionnées pour faire des cordes avec les fibres de la bourre (enveloppe du fruit). Certaines de ces variétés présentent les plus grands fruits. De forme allongée, ils peuvent atteindre 45 centimètres de long. La bourre contient des fibres longues et résistantes.
Quelques cocotiers de ce type ont été retrouvés sur l'atoll de Tetiaroa mais leur fruits présentaient une couleur brune alors que tous les Niu Afa des Samoa sont verts. Tout ce que nous avons observé rn 2006 en Polynésie Française résultait d'un mélange variétal et d'une décomposition liée à la phase d'industrialisation de la culture du cocotier pour la production de coprah.
A Moorea, Mme Hinano Murphy nous a parlé d'un artisan créateur de bijoux mêlant fibre de coco et perles noires, qui dit reconnaître des qualités différentes de fibres selon les cocotiers : la plupart des fibres présentent des barbes qui les rendent irrégulières, quelques rares cocotiers ont des fibres parfaitement lisses et de meilleure qualité. 
Il semble donc qu'il existe des différences non seulement pour la longueur des fibres mais aussi pour leur qualité. Il serait intéressant de caractériser ces différences de fibres d’un point de vue variétal, technologique et scientifique; et bien sur reproduire et sauvegarder ces cocotiers à fibre lisse.
A Raitea, en Octobre 2019, M. William Tautu des Services de l'Agriculture nous a signalé l'existence d'un cocotier Nape qui venait d'être abattu moins de six mois auparavant. En fouillant au pied de cet arbre, nous avons pu retrouver plusieurs énormes semences germées qui seront replantées probablement au domaine Boubée, que le territoire vient d'acquérir derrière Uturoa. 
M. William Tautu a aussi signalé l'existence d'une plantation réalisée par son Grand père maternel Teamo Aiho avec du matériel sélectionné (noix à bourre fines). La plantation se situe sur l'île de Tahaa, district de Haamene, sur le coté droit de la baie lorsque l'on est à terre.

21. Le Nain Vert du Brésil

Par R. Bourdeix, 25 Novembre 2019

Le Nain Vert du Brésil est une variété emblématique. Ses jeunes noix sucrées sont vendues pour la boisson le long des plages tropicales du Brésil. Dans ce pays, d’immenses plantations gérées de façon intensive alimentent le marché de l’eau de coco, qui s’est développé récemment de façon très importante. 

Conservation et diffusion 

Le Nain Vert du Brésil (BGD) est conservé au Brésil et dans les collections au champs d'au moins huit autres pays. Il est représenté par 17 accessions totalisant plus de 3000 cocotiers. Il a été introduit dans les collections du Bénin, du Ghana, des Philippines, du Sri Lanka, du Vietnam et de la Tanzanie en provenance de Côte d’Ivoire. Des semences ont également été envoyées en Guyane et en Polynésie Française dans les années 1980. Au Fenua, elles ont d’abord été plantées à la Station de Recherches sur le cocotier de Rangiroa puis la variété s’est largement disséminée, notamment à Raiatea, Tahiti et Moorea.
Planche réalisée en 2019
En Polynésie Française

Comment l’identifier ? 

Plus de 45 variétés de Nains Verts sont référencées dans le monde entier. Certains d'entre eux peuvent être facilement distingués du BGD. Les nains verts de Pilipog, Catigan, Tacunan, Sri Lanka et de la Thaïlande présentent toutes des caractéristiques de fruits différente de celle du BGD. 
Cette variété a généralement un tronc mince, d'environ 20-25 cm de diamètre, avec peu ou pas de bulbe basal. Les plus jeunes feuilles au sommet du cocotier sont bien dressées, plus que celles des nains de Malaisie. En raison de son pédoncule court, le régime est bien soutenu par les pétioles des feuilles. Les fruits sont de forme oblongue, avec une couleur verte intense. Le poids moyen des fruits varie de 556 g dans les zones sèche de Tanzanie à 1090 g dans les riches sols volcaniques du Vanuatu. À l'intérieur des fruits, les noix sont presque sphériques et pèsent de 353 à 556 g. 
Ce nain a reçu plusieurs noms dans différents pays. Par exemple, BGD est également connu sous le nom de nain vert de Guinée équatoriale (EGD) en Afrique. Il est difficile de comparer les cocotiers plantés sur différents continents et dans des environnements divers. Le Kit de marqueur moléculaire mis au point par le CIRAD pour le réseau COGENT n’est pour l’instant pas assez précis pour établir une différence précise entre tous les nains verts. Lorsqu’il sera plus discriminant, ce kit contribuera à réduire le nombre de variétés de Nain Vert, certains étant le même matériel génétique conservé sous des noms différents. 

Production et rendement 

BGD commence généralement à fleurir 2 à 3 ans après la plantation. Dans des conditions moyenne, Il produit 50 à 100 fruits par arbre et par an. Au Brésil, cultivé avec irrigation et une forte fertilisation minérale (7kg/arbre/an), sa production peut dépasser 200 fruits à l’hectare, avec environ 400 ml d’eau par fruits. Les rendements les plus élevés ont été obtenus dans des zones très sèches, ou l’ensoleillement est maximum et où il n’existe pas de maladie du cocotier, avec une abondante irrigation. Des chiffres de 350 fruits par arbre et par an ont été atteint pour certaines années, mais la taille des fruits se réduit. A noter que ces rendements élevés sont atteints parce que les noix sont coupées au stade « à boire », donc les cocotiers n’ont pas à terminer la maturation complète de leurs fruits ; il est très probable que si les noix récoltées étaient matures, le rendement ne serait pas aussi élevé. 
L'eau des jeunes noix est sucrée (6 à 6.5% °Brix). Actuellement, plus de 60000 hectares de ce cultivar sont plantés au Brésil et fournissent les grandes compagnies américaines. Certains agriculteurs brésiliens sont devenus très riches en vendant les noix à boire. 

Autres informations 

BGD a été utilisée comme femelle pour la production expérimentale de nombreux hybrides. Cependant, en Côte d’Ivoire, aucun de ces hybrides n’a été diffusé auprès des agriculteurs. Les descendants de BGD étaient plus hétérogènes que ceux obtenus avec d'autres nains, tels que les Nain Jaunes et Rouge de Malaisie. En Afrique, les hybrides atteints de BGD étaient également plus sensibles à la chute des noix causée par des champignons du genre Phytophthora. 
L’hybride entre le Nain Vert Brésil et le Grand de Rangiroa a été recommandé et produit en Polynésie Française. Il semblait bien adapté aux sols coralliens. Cependant la difficulté à séparer les hybrides des nains au stade de la pépinière a causé quelques problèmes. Des croisements de BGD sont également testés au Brésil qui, pour l’instant utilise plutôt des hybrides à base de nains Malais ou de Nain Rouge Cameroun. 

Références 

Pour plus d’information et d’images, voir: 
De Nucé de Lamothe M, Rognon F. 1977. Les cocotiers Nains à Port Bouët. Oléagineux 32: 367- 375. 
Ferreira JMS, DRN Warwick, Siqueira LA. 1994. Cultura do Coqueiro no Brasil. EMBRAPA-SPI, Aracaju, Brésil.
Nain Vert du Brésil photographié à Raiatea. © R. Bourdeix, 2019

Nain Vert du Brésil photographié en bord de route à Raiatea. © R. Bourdeix, 2019





Planche réalisée en 2010
pour le catalogue du réseau COGENT




20. Nain Jaune de Malaisie population Tahiti

Par R. Bourdeix, 2019

En Polynésie Française, cette variété est très rare. Au niveau mondial, c’est la plus répandue et la mieux conservée, car elle sert de témoin génétique de référence dans les collections nationales et internationales. 

Conservation et diffusion

Dans les collections du réseau International COGENT, MYD est conservé par 28 accessions, totalisant plus de 16 000 cocotiers. Au moins quinze pays conservent cette variété en collection : Bénin, Brésil, Côte d’Ivoire, Fidji, Inde, Indonésie, Jamaïque, Mexique, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, Tanzanie, Thaïlande, Vanuatu, Vietnam et Malaisie.

Sur l’île de Tahiti à Punaauia, en 2019, un retraité du nom de Tony Tupuaitua commercialisait des plants germés de Nains Jaunes. En cas d’achat, attention de bien choisir les plants ayant le pétiole des jeunes feuilles de couleur jaune : ceux avec des pétioles vert ou bruns sont des hybrides naturels, qui seront plus productifs mais ne reproduiront pas fidèlement la variété parentale.

En 2019, à Tahiti, il existait deux cocotiers âgés et au tronc grêle sur le front de mer de Papeete (-17.540620, -149.571590), qui présentent la canopée typique des Nains Jaunes Malais, avec ses feuilles retombantes et courbes à l’extrémité. Ces deux individus présentent des fruits relativement allongés et qui semblent riches en bourre, mais nous pensons qu’il s’agit d’un effet lié à l’âge et à l’environnement peu favorables. Il s’agit bien de Nains Jaune Malais. En revanche, près de la plage Vaiava, il existe deux cocotiers ressemblant à des Nains Jaunes Malais excepté que la forme de leurs jeunes feuilles est droite et non courbée, ce qui pourrait indiquer qu’il s’agit d’une autre variété de Nain Jaune.

A Raiatea, nous avons identifié trois cocotiers Nain Jaune Malais planté en alternance avec des Nains Verts du Brésil dans un jardin qui aurait appartenu à un agent de l'agriculture, M. William Brillant, maintenant décédé. Il y a aussi un Nain Jaune Malaisie devant le bâtiment de la Subdivision Administrative des Iles sous le Vent à Uturoa.

Le nain Jaune de Malaisie est moins pratique à utiliser que le Nain Rouge pour l’utilisation dans les nouveaux champs semenciers. Nous conseillons cependant de multiplier la variété en en plantant une cinquantaine dans une collection et autant selon le système de collection délocalisée à base communautaire.


Ci dessous la planche descriptive réalisée en Polynésie Française en Novembre 2019.


Conservation et diffusion

Dans les collections du réseau International COGENT, le Nain Jaune Malaisie (MYD) est conservé par 28 accessions, totalisant plus de 16 000 cocotiers. Au moins quinze pays conservent cette variété en collection : Bénin, Brésil, Côte d’Ivoire, Fidji, Inde, Indonésie, Jamaïque, Mexique, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, Tanzanie, Thaïlande, Vanuatu, Vietnam et Malaisie.
Sur l’île de Tahiti à Punaauia en 2019, un retraité du nom de Tony Tupuaitua (téléphone 40 45 49 54) commercialise des plants germés de Nains Jaunes à 1000 FP l’unité. En cas d’achat, attention de bien choisir les plants ayant le pétiole des jeunes feuilles de couleur jaune : ceux avec des pétioles vert ou bruns sont des hybrides naturels, qui seront plus productifs mais ne reproduiront pas fidèlement la variété parentale.
En 2019, à Tahiti, il existait deux cocotiers âgés et au tronc grêle sur le front de mer de Papeete (-17.540620, -149.571590), qui présentent la canopée typique des Nains Jaunes Malais, avec ses feuilles retombantes et courbes à l’extrémité. Ces deux individus présentent des fruits relativement allongés et qui semblent riches en bourre, mais nous pensons qu’il s’agit d’un effet lié à l’Age et à l’environnement peu favorables. Il s’agit bien de Nains Jaune Malais. En revanche, près de la plage Vaiava (-17.664280, -149.595443), il existe deux cocotiers ressemblant à des Nains Jaunes Malais sauf que la forme de leurs jeunes feuilles est droite et non courbée, ce qui pourrait indiquer qu’il s’agit d’une autre variété de Nain Jaune.
A Raiatea, nous avons identifié trois cocotiers Nain Jaune Malais planté en alternance avec des Nains Verts du Brésil dans un jardin (-16.795428, -151.491927) qui aurait appartenu à un agent de l'agriculture, M. William Brillant, maintenant décédé . Il y a aussi un Nain Jaune Malaisie devant le bâtiment de la Subdivision Administrative des Iles sous le Vent à Uturoa (-16.727452, -151.446227).

Comment l’identifier ? 

Un jaune tirant parfois légèrement sur le vert, correspond à la couleur des pousses, des pétioles, de l'inflorescence et des fruits immatures. Lorsque les fruits sont jeunes (6 à 9 mois), leur couleur est souvent jaune pâle avec des reflets verts. De nombreux autres nains jaunes ressemblent à cette variété, au Sri Lanka, le Nias en Indonésie, le Chowgat en Inde, le Pemba en Tanzanie et bien d'autres. Le Nain Jaune de Samoa produit des fruits de couleur jaune plus pâle et a été observé comme plus tolérant aux vents cycloniques dans la collection nationale du Vanuatu. 
Parmi tous ces nains jaunes, c’est surtout la forme des jeunes feuilles qui permet de distinguer le Nain Jaune Malais. Les feuilles les plus jeunes, en haut du cocotier, ne sont pas droites mais courbées. La canopée supérieure ressemble à des cheveux en désordre. Ces deux caractéristiques sont beaucoup plus net chez MYD que chez son cousin le Nain Rouge Malais. En raison de son pédoncule court, le régime est bien soutenu par les pétioles des feuilles et apparaît comme collé au tronc. 
Les techniques moléculaires (RFLP) ont confirmé que les Nains Jaunes de Malaisie et du Ghana sont identiques. En revanche, tous les cocotiers appelés « Nains Jaunes Malais » du monde pourrait ne pas être exactement du même génotype. En Polynésie Française, il a des indications, notamment la forme des jeunes feuilles, que plusieurs types de Nains Jaunes à troncs fins pourraient exister. Ceci demande à être confirmé par des études supplémentaires. Quoiqu'il en soit, les différents arbres décrits devraient être collectés pour conservation et observation dans une collection ex situ. Qu’il existe une ou plusieurs populations distinctes, toutes seraient intéressantes pour tester de nouvelles combinaisons hybrides. 

M. Tony Tupuaitua, qui collecta cette variété de Nain Jaune à Arue à l’âge de 19 ans,
et qui en 2019, à plus de 80 ans, continuait à la conserver et à la vendre.
© R. Bourdeix, 2019

Origine et histoire 

Selon Gangolly et al. (1957), ces cocotiers auraient été introduits en Malaisie entre 1890 et 1900 par des planteurs d'un lieu appelé Kryon ou Krion, qui se trouverait en Indonésie. La variété n’a pas été introduite officiellement en Polynésie Française. Elle peut provenir de nombreux autres pays du Pacifique comme Samoa ou Fiji, ou elle est courante. 

Production et rendement 

MYD produit généralement des fruits de taille moyenne, oblongs, pesant de 700 à 800 g. Le poids du fruit est très variable, sa moyenne variant de 370 g (en Inde) à 1752 g (au Vanuatu) en fonction de facteurs environnementaux. À l'intérieur des fruits, les noix sont presque sphériques et pèsent généralement entre 350 et 450 g. 

Dans des conditions moyennement bonnes, le Nain Jaune de Malaisie commence à fleurir deux ans après la plantation et peut produire 80 à 100 fruits par an et par palmier (avec une densité de plantation de 205 palmiers par ha et sans irrigation). Au Brésil, en culture intensive avec irrigation et une importante fumure minérale, il peut produire jusqu’à 200 fruits par arbre et par an. L'eau des jeunes noix est douce et savoureuse, mais pas aussi sucrée que certains nains verts. L’amande est assez fine et donne un coprah caoutchouteux, avec une teneur en huile d’environ 69%. MYD est sensible aux conditions environnementales défavorables et à la sécheresse, et produit souvent de façon alternative, une bonne année était suivie d’une mauvaise. 

Autres informations 

Le Nain Jaune Malais a longtemps été tolérant à la maladie du jaunissement mortel en Jamaïque, jusqu’à ce que le pathogène évolue. Il est sensible aux maladies voisines existant en Tanzanie et au Ghana. Le réseau international COGENT recommande systématiquement son utilisation comme témoin génétique pour les expérimentations et les collections de nain. MYD est également assez souvent choisi pour développer de nouvelles technologies telles que la culture in vitro d'embryons zygotiques. Il est parent de plusieurs hybrides mondialement utilisés. On peut notamment citer l’hybride PB121, créé en Côte d’Ivoire, et l’hybride Maypan de Jamaïque. Tous les autres types de cocotiers nains sont évalués en comparaison avec le Nain Jaune de Malaisie. Il serait donc fort dommageable de laisser cette variété disparaître en Polynésie Française. En effet, lorsque les activités de recherches en amélioration du cocotier reprendront en Polynésie Française, cette variété permettra de relier ce qui se fait au Fenua avec les recherches menées dans le reste du monde. 
Pour la conservation de cette variété, il est suggéré de commencer par planter en isolation une cinquantaine de cocotiers Nains Jaunes en mélange avec autant de cocotiers d’une variété verte de cocotier (Nain Compact ou Grand). Les semences prélevées sur le nain seront des nains si leur germe est jaune, et des hybrides si le germe est vert. Les semences prélevées sur la variété verte et germant verts seront soit cette variété, soit des hybrides ; si ces semences ne germent pas vert, il vaut mieux ne pas les planter, il s’agit d’illégitimes. si ces semences ne germent pas vert, il vaut mieux ne pas les planter, il s’agit d’illégitimes. Une autre solution est de disséminer une trentaine de Nains Jaunes Malais dans des lieux et parcs publics. Les cocotiers grandissent de 20 à 30 cm par an pendant les vingt premières années, puis cette croissance

Références 

Gangolly SR, Satyabalan K, Pandalai KM. 1957. Varieties of the coconut. Indian Coconut Journal 10:3-28.
De Nucé de Lamothe M, Rognon F. 1977. Les cocotiers nains à Port Bouët (Côte d’Ivoire). I. Nain Jaune Ghana, Nain Rouge Malaisie, Nain Vert Guinée Equatoriale et Nain Rouge Cameroun. Oléagineux 32:367- 375.