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Recommandations de l'atelier CIDP sur la production et les semences de cocotier

Par R. Bourdeix, N. Hussein et D. Dore, 2019


Dans le cadre du projet CIDP, une formation sur la filière cocotier, la production et les systèmes semenciers a été organisée du 17 au 20 avril 2018 à Nadi, au Fidji. Trente participants de quinze pays et territoires de la région du Pacifique ont participé à cette réunion. Ils comprenaient des fonctionnaires des Ministères de l'agriculture, des membres d'ONG, des chercheurs et des membres du personnel de la Communauté du Pacifique Sud et du Cirad, ainsi que des dirigeants d'exploitations agricoles et de sociétés privées des pays et territoires suivants: îles Cook, Fidji, États fédérés de Micronésie, îles Kiribati, Îles Marshall, Nauru, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Salomon, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Polynésie Française et Hawaï. Tous les participants ont approuvé 24 recommandations régionales, techniques et stratégiques.

Matériel de plantation et système de production de semences

La situation dans les pays du Pacifique en ce qui concerne le matériel de plantation est très variable. Cela va des situations où 1) aucun plant n'est fourni aux agriculteurs par une institution; 2) les semences sont fournies gratuitement aux agriculteurs avec ou sans incitation financière à la replantation, 3) des semences hybrides Nain x Grand cultivées sont importées d'Inde aux îles Salomon à 10 USD par unité, à 4) la vente de plants de nains à 100 USD par unité (Hawaï). Tenant compte à la fois des disparités et des points communs entre ces situations, le groupe a convenu des recommandations suivantes.
1. Les Services Nationaux de l'Agriculture devraient laisser aux agriculteurs un rôle primordial dans le choix des variétés, et envisager de déconseiller aux agriculteurs de cultiver une seule variété de cocotier, (qu'elle soit de type Grand, Nain, Hybride ou autre). Au niveau national, les services agricoles et les autres acteurs de la filière devraient proposer aux agriculteurs une gamme d'au moins six variétés différentes de cocotiers, comprenant des types Grand, Nain, Compact ou Super Nain, Hybride et éventuellement des variétés composites; il devraient expliquer aux agriculteurs la spécificité de chaque variété en ce qui concerne l'adaptation à l'environnement et les pratiques culturales recommandées. Pour réduire les risques globaux, les agriculteurs devraient être encouragés à planter plus d’une variété. Les acteurs de la filière cocotier (agriculteurs et agricultrices, entreprises privées, ONG) devraient être encouragées à s'impliquer davantage dans la fourniture de matériel génétique de qualité . Les agriculteurs et les autres acteurs de la filière pourraient apprendre à produire de manière autonome des plants d'hybrides et d'autres variétés de qualité , en utilisant le concept Polymotu ou toute autre méthode appropriée.
2. Afin de mieux évaluer et de renforcer la filière cocotier, le groupe recommande aux services agricoles de créer et / ou de renforcer les bases de données nationales des producteurs de cocotiers et de créer des bases de données bien documentées sur la cocoteraie à l’aide de la méthode et des formulaires de saisie récemment développées par R. Bourdeix. V. Kumar et V. Mataora. Ces bases de données doivent être conçues et mises en œuvre de manière à être reliées aux autres bases nationales de données concernant les agriculteurs. Elles devraient également s'intégrer aux systèmes d'information géographique déjà existant.
3. L’atelier a noté que rien ne peut remplacer des programmes de sélection bien conçus, réguliers et durables menés par des professionnels bien formés. Une expertise est nécessaire pour évaluer les programmes de sélection de cocotier actuellement en place dans la région du Pacifique; aider au développement des compétences locales; créer de nouveaux programmes et faciliter la collaboration internationale entre ces programmes. La CPS pourrait jouer un rôle crucial dans le processus en assurant des échanges de matériel génétique et des transferts de compétences entre les pays et les territoires concernés.
4. La suggestion d'organiser des concours de variétés de cocotiers devrait être encouragée aux niveaux local, national et régional, afin de sensibiliser davantage les agriculteurs et le public à la diversité existant dans les pays et dans la région. De tels concours pourraient être intégrés aux événements culturels annuels organisés dans la plupart des pays et territoires insulaires océaniens (comme le festival Aloha à Hawaii, le festival de Festival de Teuila à Samoa, ou le Heiva de Polynésie Française).
5. Le nouveau concept de collection délocalisée de cocotier à base communautaire, utilisant les espaces publics, sera testé aux Îles Cook en tant qu'activité financée par le CIDP et devrait être étendu à d'autres pays et territoires.
6. Le Vanuatu et son Centre Technique de Recherche Agricole (VARTC) pourrait jouer un rôle moteur en tant que centre de formation pour les activités techniques liées à la reproduction du cocotier (fécondation artificielle avec ensachage, production de semences) et à la conservation du matériel génétique (collection ex situ).

Gestion agronomique et environnementale des plantations de cocotier

7. L’atelier a souligné l' importance des cultures intercalaires avec diverses espèces déjà utilisées par les agriculteurs, telles que le café, le kava, le cacao, la banane, le noni, l'ananas, les cultures fruitières et des légumes pour la sécurité alimentaire. Les Ministères de l'Agriculture et d'autres acteurs de la filière peuvent fournir des recommandations spécifiques et adaptées aux situations locales en ce qui concerne les meilleures espèces à cultiver en association avec le cocotier.
8. L’atelier préconise des recherches sur le maintien et l’amélioration de la fertilité des sols, les plantes de couverture et la microbiologie en utilisant des processus naturels favorisant des niveaux élevés de biodiversité microbienne.
9. Replantez les jeunes cocotiers sous les vieux cocotiers et ne retirez les vieux que lorsque les jeunes commencent à fructifier. (Note de R. Bourdeix, Décembre 2019 : attention il semble que cela ne soit pas toujours adapté, notamment dans le cas de sols pauvres coralliens)
10. Lors de la réhabilitation d'anciennes cocoteraies sans replantation, l'application d'engrais n'est généralement pas rentable. La dégradation des racines de la reprise forestière suffira à nourrir les cocotiers pendant quelques années.
11. Les agriculteurs et les scientifiques devraient continuer à tester les nouveaux dispositifs de plantation en groupe des cocotiers, car ces systèmes pourraient améliorer les conditions économiques des cultures intercalaires et la résistance aux cyclones des cocotiers.

Gestion biologique des plantations.

Actuellement, de nombreux sous-produits de la culture du cocotier sont utilisés pour la culture biologique d'autres cultures, mais pas pour la culture des cocotiers. Dans la plupart des îles du Pacifique, les noix de coco contribuent à l'alimentation du poulet et des porcs biologiques. Le groupe a formulé les recommandations suivantes:
12. L’atelier reconnaît l’ importance cruciale de la culture biologique du cocotier pour la région du Pacifique, à la fois pour des raisons environnementales et commerciales. Les semences devraient provenir d’origine certifiée biologique et être conformes à la norme biologique du Pacifique et/ou aux autres normes en vigueur. Les politiques élaborées à Vanuatu, aux Îles Fidji, aux Îles Salomon et au Samoa favoriseront la croissance de l’industrie biologique du cocotier. A noter cependant qu’en cas de culture pure (sans association), des semences non biologiques et des engrais peuvent être utilisés de façon raisonnable à la plantation, qui redeviendra biologique dans un délai de deux à trois ans si aucun engrais inorganique n’est appliqué dans l'intervalle.
13. L’atelier reconnaît que les cocotiers sont largement utilisés pour la culture biologique d'autres cultures et l'élevage biologique de porcs et de poulets. Ainsi, les agriculteurs peuvent tirer profit de la culture du cocotier en utilisant ses sous-produits organiques pour leurs propres autres cultures et/ou en vendant ces sous-produits pour la préparation d’engrais organiques et de substrats.
14. Encourager et renforcer l'utilisation de plantes de couverture fixant l'azote telles que Pueraria , Mucuna ou d'autres espèces adaptées aux conditions de l'atoll (par exemple, Vigna marina ), car elles améliorent les sols et réduisent le travail de désherbage. Dans la mesure du possible, il faudrait vulgariser la technique de multiplication par boutures actuellement utilisée aux Îles Salomon, plutôt que la multiplication par semences,
15. Au stade de la pépinière et de la plantation , il faut encourager l'utilisation d'engrais organiques pour la culture du cocotier. Pour la plantation en sac plastique, des bourres, du fumier et du biochar ou du charbon de bois peuvent être ajoutés dans le sac lors de son remplissage avec de la terre. Lors de la plantation de plants à racines nues, les bourres de noix de coco, les feuilles sèches et vertes, le fumier et le biochar/charbon peuvent être placés dans le trou de plantation. Les amendements dépendent de la nature des sols. Les sols des atolls nécessitent une attention particulière en ce qui concerne les oligoéléments (tels que le fer). L'inversion des horizons A et B peut présenter un avantage, de sorte qu'un sol plus fertile soit immédiatement disponible pour les racines émergentes.
16. Les bourres (enveloppe) des noix de coco sont riches en potassium et retiennent l'humidité. Les feuilles des cocotiers constituent un bon couvre-sol protecteur. Au lieu de les utiliser pour le compost, il est préférable d'entourer la base du cocotier d'une première couche de bourres de coco, disposées face ouverte ver le sol, et d'une seconde couche de feuilles de cocotier; Cela permettra à la fois de nourrir les palmiers et de réduire l'érosion et la croissance des mauvaises herbes.
17. Étudier la possibilité de préparer du paillis ou de l’engrais à partir des vieux troncs de noix de coco en utilisant des espaces clos dans lesquels les scarabées Oryctes peuvent entrer mais ne peuvent pas sortir et nourrir le poulet et les jeunes porcs avec le scarabée et ses larves.

Ravageurs et maladies

18. Renforcer la communication entre les experts et les groupes travaillant sur les semences et ceux travaillant sur les parasites et les maladies du cocotier. Le matériel de sensibilisation du public et les actions en matière de lutte contre les parasites et les maladies devraient inclure un volet sur la sélection du matériel de plantation, la gestion des pépinières et la plantation, et des moyens d’évaluer l’efficacité des actions menées (études avant/après).
19. Étudier les moyens de tirer profit de l'énorme quantité de larves d'Oryctes et d'adultes actuellement récoltés dans certains pays (jusqu'à 15 tonnes par mois dans certaines plantations de palmiers à huile).
20. Des travaux supplémentaires devraient être entrepris pour rechercher des moyens de valoriser l’abattage des vieux cocotiers , ce qui facilitera le financement de l'établissement de nouvelles plantations. Des opportunités existent dans des domaines tels que l’utilisation directe du bois de cocotier, la confection de placage à partir de ce bois, la commercialisation des cœurs de cocotier et la conversion des troncs en biocharbon. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour la mise en œuvre pratique de ces approches. Des recherches supplémentaires sont également nécessaires pour identifier des produits biologiques abordables, non toxiques pour lm’homme mais pouvant être utilisés pour l’injection dans les troncs afin : 1) de prévenir la prolifération d’Oryctes dans le tronc; 2) de tuer le cocotier, et 3) de préserver et traiter son bois pour une utilisation future.
21. Des recommandations devraient être développées et publiées à propos de l'élimination des cocotiers abattus et des autres déchets de bois, qui constituent sites de reproduction possibles pour les Oryctes.
22. La destruction des cocotiers par les coléoptères peut avoir un impact important sur le tourisme, comme c’est le cas par exemple aux Îles Salomon, à Guam et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Davantage d’études sur la tolérance des diverses variétés de cocotier à l’insecte, le rôle d’une nutrition adéquate des plantes et d’autres facteurs tels que la phyto-assainissement font partie de la solution à développer. Comme il est plus facile de gérer des cocotiers de petite taille que des cocotiers haut d’une quinzaine de mètre dans la lutte contre Oryctes, les nombreuses variétés de nains Compacts et leurs hybrides avec des variétés locales doivent être testés et diffusés, en complément des variétés locales de Grand. L'atelier soutient également les priorités de haut niveau qui ont été développées lors de la réunion des Chefs des Services de l'Agriculture et des Forêts qui s’est déroulée au Vanuatu en 2017.
23. Le matériel de sensibilisation à la biosécurité devrait inclure des conseils à tous les pays membres sur les activités entreprises dans les pays où la nouvelle souche de coléoptère est déjà présente. La biosécurité du transport maritime entre les îles est essentielle, et concerne aussi, par exemple, les agriculteurs et jardiniers locaux transportant du compost ou du matériel végétal entre les îles.

Recommandation de nature stratégique

24. Compte tenu des risques émergents pour l'industrie du cocotier et de la nécessité de replanter à grande échelle, l’atelier recommande que davantage de ressources dédiées soient consacrées au système semencier du cocotier et à la gestion des plantations. Dans les petits États et territoires insulaires, au moins un agent de recherche et un agent de vulgarisation devraient se consacrer exclusivement et à temps complet au cocotier. Les plus grands pays et territoires devraient envisager la création d'unités distinctes travaillant au sein de leurs ministères avec une équipe entièrement dédiée au cocotier.

Citation en Français: Bourdeix, R., Hussein N. et Dore, D. (2019) Recommandations techniques de la réunion du CIDP sur la production de noix de coco et les systèmes de semences dans la région du Pacifique, tenues du 7 au 20 avril 2018 à Nadi, Fidji. In: Bourdeix, R. et al., Cocotiers de Polynésie Française. Disponible à l'URL: https://cocotierpolynesie.blogspot.com/

Citation de la version anglaise: Bourdeix, R., Hussein N., and Dore, D. (2018) Technical recommendations from the CIDP meeting on Coconut Production and Seeds Systems in the Pacific Region held from 7 to 20 April 2018 in Nadi, Fiji. In: Bourdeix, R., Labouisse, J.P., Mapusua, K., Ollivier, J. and Kumar, V. (2018). Coconut planting material for the Pacific Region. Available at the URL: https://replantcoconut.blogspot.com. Seen on 09/11/2018.

Coupures de presse (missions antérieures à 2019)






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Ecotourime: planter des cocotiers... la tête en bas!



Un guide touristique de l'île de Moorea, en Polynésie Française, a eu l'idée saugrenue mais très originale de planter des cocotiers à l'envers... Ou plus exactement de planter des troncs de cocotier avec les racines en haut! 

Une alternative serait de sculpter un visage "Rasta" dans la partie située juste sous les racines, faisant apparaître ces dernières comme des "dreadlocks"


Cliquez sur les photos pour les agrandir...





A la recherche des variétés perdues....

Par R. Bourdeix, 2009

Juste dans le cas où l'aventure tenterait des randonneurs - Si vous avez plus de succès que moi, faites le moi savoir!

M. Widric GANDOUIN a signalé avoir vu à Tahiti des cocotiers portant des fruits de très grosse taille, mais nous n'avons pas pu vérifier l'information. "J'avais remonté sur 3 ou 4 km la rivière située en fond de vallée située au pk 25.8 à Tiarei, Côte Est, derrière la propriété de Monsieur Gaston SAUVOT à qui il faut demander, pour la forme et de ma part si vous le souhaitez, la permission d’accès. Après une grande cascade de départ (+15 min) et différents sauts (+ 40 min) puis une gorge avec un petite escalade (niv + 3 m sans équipement) vous arrivez à un point de rivière plus calme avec des plats rocheux sinueux où visiblement des populations ont vécu, les cocotiers sont en lisière sur la droite."
Le dimanche 22 février 2009, j'ai essayé de retrouver les cocotiers cités par M. Widric Gandouin. Je suis parti en stop car impossible de trouver une voiture à louer à cause du congrès international, 800 chercheurs qui arrivent... il m'a fallu trois voitures pour arriver jusqu'au kilomètre 25.8 (Ils comptent les kilomètres à partir de Papeete).Quelqu'un m'indique la maison de M. Gaston Sauvot, mais cette maison était vide. Un chemin glissant de boue qui monte raide. Je n'ai pas vu de grande cascade. A un moment le chemin s'arrête (photo ci-jointe). Ensuite j'ai essayé de remonter dans le lit de la rivière, mais je suis arrivé à un endroit ou de nombreux arbres étaient tombés dans la rivière et barraient le passage.Au retour, trois voitures pour arriver à la maison d'Arue près du rond point d'Erima. la plus étonnante est reproduite ci-dessous...



Comment créer une micro-collection et vendre des semences de cocotier?

Nous avons récemment rencontré un retraité tahitien qui dispose d'un jardin d'environ 150 m2, dans lequel il a a planté seulement six cocotiers d'une même variété, assez rare à Tahiti. Il vend des plants germés à 1000 FP l'unité. Son jardin est situé en bord de route, beaucoup de gens voient en passant ses magnifiques cocotiers jaunes et viennent lui demander des semences.


Pour créer une micro-collection, il s'agit tout simplement d'observer les differentes variétés de cocotier existant dans votre entourage, d'obtenir cinq à six semences de chaque variété, et de les planter de façon groupées, chaque variété ayant son petit espace réservé. Les cocotiers les plus rares sont ceux de couleur rouge- orangée (certains les appellent dorés), à l'exception de la variété haari papua, qui est très commune et se reconnait par ses régimes à petit fruits et long pédoncules. Ensuite viennent les cocotiers de couleur jaune, puis ceux de couleur verte. Les nains de type compact, avec un tronc épais et large à la base, poussant lentement et bien résistants au cyclones, sont les variétés les plus recherchées.

Anciennes coutumes de Mangareva

Mangareva est la principale et la plus centrale des îles de l'archipel des îles Gambier.

Extrait des: Annales de la propagation de la foi : recueil périodique des lettres des évêques et des missionnaires des missions des deux mondes, et de tous les documents relatifs aux missions et à l'Association de la propagation de la foi. Oeuvre pontificale missionnaire de la Propagation de la foi.  M.-P. Rusand (Lyon. Librairie ecclésiastique de Poussielgue-Rusand (Paris).

« Il y a, en outre, des difficultés très-grandes dans les mariages de nos chrétiens. Il parait qu'avant la prédication de l’évangile dans l'archipel Gambier, les naturels regardaient te mariage comme un contrat temporaire et révocable au gré de chacune des parties ces alliances se contractaient ordinairement dès l'enfance mais elles n'en étaient pas plus durables. Dès que l'un des deux époux s'ennuyait, ou qu'il avait d'autres vues, il se retirait sans
autre formante., et contractait une seconde, une troisième, une dixième alliance. La partie délaissée n'avait pas le droit de se plaindre, et ne témoignait pour l'ordinaire
aucune peine. Cependant cette insensibilité n'avait pas toujours lieu le désespoir éclatait quelquefois d'une manière déplorable. Alors on avait recours au suicide; car cette honteuse plaie était aussi dans les mœurs de nos sauvages. Les hommes se laissaient tomber du haut d'un cocotier c'était leur manière de se donner la mort pour les femmes, elles se précipitaient du sommet des rochers qui forment la pointe des montagnes."



Combien d'îles produisent du coprah en Polynésie Française?

La Polynésie française est composée de cinq archipels: l'archipel de la Société avec les îles du Vent et les îles Sous-le-Vent, l'archipel des Tuamotu, l'archipel des Gambier, l'archipel des Australes et les îles Marquises. Ces archipels regroupent 118 îles dont 76 habitées.


Nous avons utilisé les moyennes 2016-2018 des production livrées à l'huilerie de Tahiti. Ces livraisons concernent 75 îles, pour une moyenne annuelle de 159 tonnes par île.
Six îles représentent 30% de la production, par ordre décroissant

TAHAA
RANGIROA
RAIATEA
NUKU HIVA
HIVA OA
ANAA




La station de recherche sur le cocotier de Rangiroa


La station de Rangiroa fut installée en 1959 sur l‘atoll du même nom aux Tuamotu (Polynésie), à 400 kilomètres au nord de Tahiti, et Maurice Pomier en fut directeur de 1962 a 1969. Malgré son isolement, les infrastructures furent rapidement réalisées, et les expériences mises en place. Les analyses foliaires ayant fait apparaitre une forte carence manganique, des injections de sulfate de manganèse permirent aux cocotiers de retrouver rapidement un aspect sain, avec des couronnes garnies de noix. Outre la nutrition minérale, le programme de la station portait sur L’étude des densités des cocoteraies, leur régénération et leur replantation, la sélection portant sur les populations locales et sur des introductions. Cette station, la seule au monde implantée sur atolls coralliens, avait ainsi vocation à conseiller toutes les îles basses du Pacifique.

Références
Pomier, M. (1969). Nutrition minérale des jeunes cocotiers sur sols coralliens. Oléagineux, 24(1), 13-19.
Eschbach, J. M., & Manciot, R. (1981). Les oligoéléments dans la nutrition du cocotier. Oléagineux, 36(5), 291-304.
De Nucé De Lamothe, M., & Rognon, F. (1986). Cocotiers hybrides ou cocotiers Grands, un choix basé sur des résultats. Oléagineux, 41(12), 549-555.
Khan, H. H., & Krishnakumar, V. (2018). Soil Productivity and Nutrition. In The Coconut Palm (Cocos nucifera L.)-Research and Development Perspectives (pp. 323-442). Springer, Singapore.
Foale, M. A. (1987). Coconut germplasm in the south Pacific islands (No. 436-2016-33768).
Brunin, C., Coomans, P., & Ouvrier, M. (1975). Etude de la nutrition minérale des jeunes cocotiers hybrides en pépinière. Oléagineux, 30(6), 251-258.
Wuidart, W. (1994). Symptômes de carence en fer du cocotier sur sol corallien. Oléagineux, 49(1), 31-34.

Consommation des produits du cocotier en Polynésie Française

Un rapport donne des indicateurs pour l'année 1995:

Nicolas Bricas, Johann Etienne, Yolande Mou. 2001. Etude sur la commercialisation et la consommation des produits vivriers horticoles et fruitiers en Polynésie française. Résultats de l' enquête de consommation alimentaire réalisée en Polynésie française en 1995.

L'eau de coco en 1995

Alors que les boissons gazeuses, les jus de fruits en brique et le sirop de grenadine totalisent respectivement 42,6, 25,6 et 21 litres par personne et par an, la consommation de jus de fruits frais se limite en moyenne à 13,2 litres et ne concerne que 26% des répondants. L'eau de coco n'est consommée que par 42% des personnes et ne représente que 7.5 litres par personne et par an. La citronnade est cependant consommée à raison de 34,3 litres par personne. Le premier de ces produits à base de fruits locaux est positivement corrélé avec le niveau de vie et le second négativement, autrement dit, il semble y avoir substitution de la citronnade par les jus de fruit frais lorsque le niveau de vie augmente.

Consommation d'autres produits du cocotier en 1995

à développer...

Autre références intéressantes

Une surconsommation de poisson cause une exposition importante aux métaux lourds - d'ou l'intérêt de maintenir les élevages de porc à base de "coco bio"

Dewailly, E., Suhas, É., Mou, Y., Dallaire, R., Château-Degat, L., & Chansin, R. (2008). High fish consumption in French Polynesia and prenatal exposure to metals and nutrients. Asia Pacific journal of clinical nutrition17(3), 461-470.

Dewailly, E., Château-Degat, L., & Suhas, E. (2008). Fish consumption and health in French Polynesia. Asia Pacific journal of clinical nutrition17(1), 86-93.

Terminologie traditionnelle du cocotier sur l’atoll de Raroia.

Par R. Bourdeix, en construction

"Of food plants which existed on the atoll in pre-European times the coconut palm is still the nos-b iuportant, but strmgely enough no distinction is made between palm trees intended for production of copra and food trees, in spite of tho fact that certain varieties are much sought after because of ihe special qualities of the nuts. "




by Bengt Danielsson

The importance of the coconut palm to the natives is reflected by the detailed terminology. Every part of the tree is given a specific name, and the different stages of development of the nut are distinguished with an almost scientific accuracy. At least a dozen varieties are known to the islanders and used according to their special properties.
Stages of growth
The usual word for the palm tree is hakari; but Niu the older word of pan-Polynesian distribution, is s also know. Only a full-grown tree is called hakari
N !~ak&ri~, hoviever, an<. before it roaches this s.ta.ge three diqtinct names are
used, 5.s a very young piant with sprouts not yet split into leaflets.
The roots are short an5 tke ciesccarp or husk is still attached to the sproi.it.
At the next staze, =o,y&, tie leaves aye fully developed, 6-10 feet high, arid
emerge like a fa from t?.e gremd. Gradually..tfie trunk is formed, and from the
moment it can proper:!.y be called a tree, it is temed hokg. At the age of six
or sewn years iinal.ljr, the tree reaches riaturity ad is a hakari.
-- The parts - of - the tree. - -
The terms for tiie different parts of the Sufull-gom tree are very numerous.
To begin v?it!? the roots, these are called 6, whi.ch simply is the generic name
for root. The lower, thicker part of tiie trunk is called s, and the resf
of it tu,7lu.. The upper part of the stem, -the vegetative bud, r:hich is edible, . '. . . is naned a. .. . .
A yomg undeveloped leaf still folded agsinst th midrib has a special. .
naine, mote, in contrast -to .the fully developed leaf for which two words are
used, --.-- rauniu or &o&. The first rrord. is the pan-Polynesien term and t'ne secon2 the local. tern. Eoth are curi.ously enougn also used for the smaller leaflets attached to the central inidrib, the -- katakata. The term for the midrib of
the leaflet is koitika.
The parts of the fully developed f~ower ind their names are shown in Figure 1. A f1.ovrer bud is called &, but there is no word for the fully developed flower cluster a &ole.
The -- nut.
All features of the nut, even the .sm&LLest .ad most i~?significant from a 7.. viestern point of vie:^, are recognized and nsmed bjr the natives. They are
show in Figure 2.
As everywhere in Pol.ynesia several v:ell. ciefined ste.ges in the growth of
the nut are disti.nguished and in Iiaroia their number is five. No common term
l~' The terminolory varies co;isidesably in many cases from atoll to atoll.
We have limited ourselves to that in use in Rarois.
for "nut" exists. This is a typical. example of the shrictly utilitarian attih~de of the islanders. Each type of nut has its om properties, useFu1 in
difi'erent ways and e.ccording1.y each has a spechl name. A '!n~~t ingeneral!', on
the other hand, comnbining in an abstrtxt the way the qualities of several types
of nu-ts, i.s of no use vhatsoe~rei-, md no such tern1 has therefore been created.
The zainss and principal c11aracteristi.cs 31' the nu.t'a-t the di:fferent stages
are as follow:
- Staae -- of arowth .- - Characteristics
Pnri7.i Itecentiy formed nnt, no cnvit,y i.nsj.de.
Rehi Al.;nosL fiiLl s5.ze but still greeri nut. Cavity
filled with bit+,er water. No or ver:r ltttle
flesh lamed.
Gora
Full size but st511 green nut. lkin aliny
flesh. IVateer slightly sweet.
Pull size nl;t witn spots of dcker color. Flesh
t"iclc a~d fF?m. Water ei'fervescmt and bitter.
!'laximum si.ze, bronq nut. Flesh of mar;imum t'nickness. Eater sour.
Var5 e ti ed.
The mtivec distinguish a% least a dozen varieties of coconut palms, but
it is doubti'ul. whether '-he distinctions are all >ustifi.ed 1'mm the point of
view of 3. scientific botmist. The dis'tinctions are baserl on t:<e fo%lowing
clclssificat~ry principles: color of mts, arrongcmerit of nuts, and special
properties of nuts.
Varieties based on the color of the nuts:
m?ma~u dark green nu%
. .
motea pale green. nuts
fa%eka light yel1w;i-green nuts
red6.ish-brox?rn nuts
kura!:ura reddish nuts
heru nuts of which the upper :>art is scarlet-colored
RAROIAN NAMES OF COCONUT PARTS
FIGURE I.. FLOWER STEM AND SPATHE
endosperm)
((1) CROSS SECTION OF
MATURE NUT
AKA-
{root)
(bl CROSS SECTION OF
SPRQUTING NUT
NOWI (the two small Pores)
VAHA (the large pore)
(the "belly" of the nut)
(c) HUSKED NUT
FIGURE 2. NUT
Varieties based on the arrangement of nuts:
takaveatika the nuts lack stalks and are attached directly
to the stern
makire abundant, small nuts in thick grape-like
clusters
Varieties based on special propsrt!.es of nuts:
kaipoa nut with editlle, sxeet husk or mesocarp
pururoa nuts with thick husk and small nuts
kara.va oval nuts with long husk fibers
~s~~~~~.~~Is.
The fol1or:irig miscellaneous terms mere recorded:
nounou absorbing organ (haustorium) in a ~ora or fullgrown nut
koka oily nounou
puha
kivako
vavako
gora with dry detached meat
-- gora vzithout water or nouns
kovari prematurely fallen nut
kererau cluster of nuts
popoga flesh attacked by insects, or deteriorated in
other mays
Final - note.
The term given in this short paper are those still commonly used in the
atoll. Some of the olaer informants could give a certain number of ad.ditiona1
terms, wwich now have become obsolete due to the introduction of fac-tory-made
products replactng articles formerly made of the various warts of the palin.
As we are mainly interested in the present situation, however, and our lists
at, any rate contain the native u:ords for all the main features of the palm tree,
we have not include6 these additional. and more doubtful terms.

Nain Compact Abricot Rangiroa à folioles soudées

 

Ce Nain Compact Abricot a été découvert en 2021 durant une visite sur l’atoll de Rangiroa. Seulement quatre exemplaires ont été observés dans le village principal. A notre connaissance, il n'existe qu'en Polynésie française et même seulement à Rangiroa. Il n’est pour l’instant pas référencé dans la base de données du réseau COGENT, et n’est conservé dans aucune collection.

Conservation et diffusion

La personne qui a planté le premier cocotier serait un retraité des services de l’Agriculture, qui ne se souvient plus de l’origine de la semence. Cette variété est fortement menacée de disparition. Pour réduire cette menace, il faudrait dans un premier temps planter au moins une vingtaine de cocotiers de cette variété, si possible sur divers sites.

Origine et histoire

C’est à Kiribati et aux Iles Cook que l’on trouve des Nains Compacts Jaunes et Rouges avec le même type de folioles qui restent soudées sur les jeunes feuilles. Peut-être cette variété ou les cocotiers à l’origine de cette variété ont-ils été introduit en Polynésie de l’un de ces pays. En effet, il existe déjà une introduction confirmée de Nain Compact depuis des îles Cook jusqu’à à Tahiti. Il est aussi possible que la mutation soit apparue en Polynésie française.

Comment l’identifier ?

Ce Nain Compact de petite taille présente des caractéristiques qui permettent de l’identifier facilement. Le stipe (tronc) présente un bulbe basal de taille moyenne, un tronc assez peu épais pour un Nain Compact et une croissance en hauteur très lente. Le stipe fait environ 110 cm de diamètre à la base (20 cm du sol) et 65 cm de diamètre à un mètre du sol. Les feuilles, courtes et rigides, présentent des folioles larges. Lorsqu’elles sont jeunes, elles présentent la particularité de garder les folioles légèrement soudées avec parfois, comme l’illustre la photo ovale, une sorte de lien externe qui maintient souvent reliées les folioles, et une décoloration jaune de l’extrémité de ces folioles. Il arrive que certaines feuilles se décolorent de vert en jaune, et la décoloration suit un motif particulier et bien régulier, comme illustré par la petite photo au dessus des fruits coupés.

Les fruits sont bien ronds et portent toujours un téton très marqué, tout à fait suggestif. La couleur des jeunes fruits est d’un orange rosé qui pâlit à la lumière. Lorsque l’on sépare les jeunes fruits du régime, ils apparaissent souvent bicolores : la partie à l’abri de la lumière étant orange rosée, et la partie au soleil d’un orange plus pâle.

Production et rendement

Il s’agit d’un cocotier de jardin décoratif, destiné surtout au paysagisme et à la production familiale de noix de coco à boire. Planté dans de bonnes conditions, ce nain peut produit probablement au moins une centaine de fruits par cocotier et par an. Les fruits pèsent 750 à 900 g et contiennent une amande de 250 à 300 grammes. Ce nain pourrait aussi jouer un rôle important dans les programmes d’amélioration pour la production d’hybrides locaux. Nous conseillons de la planter directement dans des champs semenciers, par exemple en mélange avec une variété de couleur verte.



A propos de la cocoteraie de l'île d'Anaa et des premiers habitants des Tuamotu

A propos de la cocoteraie de l'île d'Anaa


Titre : Tahiti et les îles adjacentes ; par Th. Arbousset. Voyages et séjour dans ces îles, de 1862 à 1865


On m'en fit remarquer un (récif) de 180 pieds de large environ, et surmonté d'une pierre dure, qu'on croit même volcanique, appelée anaa. C'est elle, sans doute, qui aura donné son nom à l'île.

Les naturels d'Anaa, en rapports fréquents avec les îles de la Société, ont trouvé que le fruit du pandanus et le poisson du lac ne leur suffisaient plus. Ils ont, en conséquence, cherché à tirer parti de leur sol en y plantant le cocotier. Heureusement pour eux, cet arbre précieux a poussé presque sans culture sur le sol de leur île. Le cocotier s'est ensuite propagé, d'île en île, jusque dans la partie orientale de l'archipel, qui est habité par des indigènes à l'état sauvage. La noix de coco est devenue pour les Touamotous la base de l'alimentation et leur a permis d'engraisser des porcs et des volailles. 

Comme nous longions Tékaora, en faisant mine de passer plus loin, les autorités du lieu arborèrent le pavillon du Protectorat pour nous inviter expressément à nous arrêter chez elles. Leur accueil fut chaleureux : nous allâmes tous au temple, où je prêchai. Ensuite le chef Tamouta me montra avec orgueil la forêt de cocotiers qui a servi de pépinière à tout l'archipel. Quelques-uns de ces arbres précieux rapportaient peu, à cause de leur vieillesse; mais on s'est avisé de les entailler, de mettre même le feu jusqu'au cœur, et, grâce à ce procédé, les propriétaires leur font produire encore d'excellents fruits. Nulle part, dans les îles, je n'ai trouvé de plus belles noix de coco qu'ici. J'en pris six vraiment énormes que je rapportai à Papéété pour les y planter. A part le cocotier, les ressources d'Anaa sont peu de chose.





.../... Arrivés à l'île d'Anaa, nous la contemplâmes tous avec un singulier plaisir, mais nous dûmes nous résigner à faire faction devant elle pendant une longue nuit. On n'y trouve point de baie, et c'est là une chose à peu près inconnue aux Touamotous. Au commencement de cette année, la très petite passe du nord, appelée Tououhora, a été creusée à une profondeur de 1 mètre 50 sur 10 mètres de largeur.

A propos des premiers habitants des Tuamotu et du cocotier
Titre : Les Polynésiens orientaux au contact de la civilisation, par A.-C.-Eugène Caillot...
Auteur : Caillot, A.-C.-Eugène. Date d'édition : 1909

Or ces îles sont arides, n'ayant qu'une mince couche de terre végétale, et dépourvues d'eau douce. Nul torrent, nulle source ; il faut creuser le sable de la grève pour découvrir quelques puits d'eau saumâtre. Les habitants recueillent l'eau de pluie dans les excavations des rochers. Ils boivent aussi l'eau du fruit du cocotier. Mais cet arbre n'a pas toujours existé dans ces îles et les naturels ne pouvaient se désaltérer avec cette précieuse boisson. Avant la plantation du cocotier, ils n’avaient pas également la vente de son fruit pour, se procurer de quoi subsister. Ils ne possédaient, comme produits alimentaires provenant du sol, que les fruits du pandanus et le pourpier, ce qui était insuffisant. Ils se trouvaient donc réduits à se nourrir de poissons, de moules, de bénitiers et même de chair humaine. Maintenant que le cocotier existe dans presque toutes ces îles, son fruit entre pour une bonne part dans l’alimentation des indigènes, et la vente du coco avec la pêche des nacres aide même certains d'entre eux à se procurer de l'aisance : ils le transforment en coprah dont ils font un commerce important dans quelques îles. Le cocotier est un véritable trésor pour cet archipel qui est devenu par lui un peu plus habitable. Il rend une foule de services à la population, car il est, heureusement pour elle, toujours en plein rapport. Cet arbre élève, nourrit, habille, loge et couche l’habitant des Tuamotu. Il nourrit sa famille et engraisse ses animaux domestiques ainsi que ceux de sa basse-cour: les premiers sont le chien et le chat; les seconds, les cochons et les poules. Les ressources du coco sont inépuisables. Les naturels confectionnent avec ce fruit une huile à brûler dont ils font une vente considérable dans plusieurs îles. La corde dont ils se servent pour remplacer les clous est encore un produit du cocotier. Elle est tirée de la bourre desséchée et rougeâtre qui recouvre la coque extérieure de la noix. De cette bourre, lorsqu'elle est verte, on exprime une liqueur qui entre dans la composition de tous les médicaments des insulaires. Le cocotier fournit aussi à ces derniers le bois nécessaire à la fabrication de leur pirogue et enfin le cercueil dans lequel ils reposeront du sommeil éternel.

La diversité des types d'hommes que l'on rencontre encore dans les archipels de la Polynésie orientale est un fait qui m'a frappé durant mon voyage en Océanie. Dans les différentes îles on constate les caractères physiques les plus dissemblables, depuis ceux du nègre papou jusqu'à ceux du blanc sémite, sans toutefois trouver un indigène véritablement noir pas plus qu'un indigène véritablement blanc. Aussi dirai-je des habitants de l'archipel des Tuamotu ou Paumotu que c'est une foule mêlée de toutes les origines. En effet, il est incontestable que des éléments étrangers, formant de véritables colonies, sont venus, pour une cause ou pour une autre, se juxtaposer, sur le sol de ces îles, à la population primitive du pays, composée très probablement de Papous, lesquels appartenaient à la race noire. La tradition, si peu qu'il en reste, s'accorde à dire que ces « terres » étaient autrefois peuplées par des «Esprits», avec lesquels les émigrants maori s'arrangèrent d'abord et qu'ils massacrèrent ensuite, du moins en partie; après quoi, le reste fut assimilé par eux. Ces « Esprits » ne sont vraisemblablement que les Papous qui se trouvaient jadis maîtres de cet archipel. De ces premiers possesseurs du sol, on ne sait que très peu de choses. La tradition se borne à raconter qu'ils allaient presque entièrement nus ; ils dormaient dans des cavernes ou dans des grottes, ou bien encore sous des rochers ou des buissons ; ils vivaient de racines, de fruits, de poissons et même de chair humaine.

Biologie de la reproduction du cocotier

Mode de reproduction du cocotier
Chaque cocotier est bisexué et produit des inflorescences comprenant à la fois des fleurs femelles et des fleurs mâles. Il peut donc se féconder lui-même ; la plupart des cocotiers Nains se reproduisent d’ailleurs de cette façon. Chez les cocotiers Grands, les mécanismes de la fécondation sont plus complexes. Pour les décrire, il faut commencer par deux définitions : la phase femelle d'une inflorescence correspond à la période pendant laquelle les fleurs femelles sont réceptives ; la phase mâle commence dès l'ouverture de l'inflorescence et s'achève à la chute de la dernière fleur mâle. Chez certaines variétés, toutes les fleurs mâles mûrissent et tombent avant que les fleurs femelles ne soient réceptives. Dans ce cas, la fécondation est croisée : elle fait nécessairement intervenir deux parents différents. Mais un autre phénomène complique encore ce mécanisme. Il existe aussi des possibilités de fécondation entre les deux inflorescences successives d'un même arbre. La phase femelle d'une inflorescence donnée peut coïncider partiellement avec la phase mâle de l'inflorescence suivante. Le cocotier est donc une espèce où coexistent différents modes de reproduction. 

Un "trésor national" délaissé et menacé de disparition

Variétés présentes sur l'attol de Tetiaroa
Les variétés polynésiennes traditionelles de cocotiers constituent un « trésor national » fortement menacé de disparition.
Depuis les années 1980, des variétés hybrides de cocotiers sont plantées un peu partout dans le monde. Certains de ces hybrides, très productifs, ont été appréciés par les planteurs. En revanche, leur utilisation intensive menace de disparition les variétés traditionnelles de cocotier. Cette problématique est la même pour toutes les plantes cultivées : bien sur, il faut bien sur utiliser les variétés améliorées qui augmentent le rendement et rentabilisent l’exploitation agricole ; mais cette utilisation doit s’accompagner d’un programme de référencement et de conservation des variétés traditionnelles. En effet ces dernières recèlent des « trésors cachés » qu’il faut absolument conserver pour l’avenir : résistance à des maladies, à la sécheresse, ou encore adaptation à des usages particuliers, propriétés médicinales…
Le jaunissement mortel: une menace pour la région Pacifique
Une grave menace pèse sur la culture du cocotier dans le monde. Cette image vient du Ghana, un pays d’Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’une cocoteraie attaquée par le jaunissement mortel, maladie due à un mycoplasme, organisme intermédiaire entre virus et bactérie. Cette maladie fait des ravages non seulement en Afrique, mais dans les Antilles et en Amérique. En l’espace de six mois, elle transforme une cocoteraie saine en champ de poteau télégraphique. Au Ghana, un cocotier Grand originaire du Vanuatu et et un cocotier Nain vert du Sri Lanka sont les seules variétés qui résistent à cette maladie. C’est un excellent exemple de collaboration internationale. Il montre comment une variété de la région Pacifique peut être extrêmement utile loin de sa zone d’origine. Heureusement, cette maladie n’existe pas encore en Polynésie Française. Dans le monde, les dégats causés par la maladie du Jaunissement mortel se chiffrent à plusieurs millions de dollars par an ; la solution viendra en partie des variétés traditionelles qui tolérent la maladie. Et si, au Vanuatu et au Sri Lanka, nous n’avions pas conservé ces variétés?
Coco à corne de Tetiaroa
L’importance du cocotier ne se limite pas au seul secteur agricole. Pour l’environnement, la culture et le tourisme, le cocotier fait partie intégrante du mythe et de l’identité de la Polynésie. Dans un contexte de concurrence exacerbée avec les autres destinations touristiques émergentes du Sud, il importe de se démarquer de l’uniformisation croissante des offres. L’image « cocotier, plage et sable blanc » ne suffit plus. Si les cocotiers sont présents dans les paysages polynésiens, leur potentiel culturel reste insuffisamment exploité. Les cocotiers sont actuellement cantonnés à un rôle d'ambiance végétale, alors qu'ils devraient « raconter des histoires » et mieux illustrer les spécificités culturelles polynésiennes. Aux Seychelles, par exemple, des milliers de touristes se déplacent pour aller voir les célèbres « coco fesse ». Pourquoi en Polynésie, les touristes n’iraient ils pas voir les tout aussi surprenants « cocos à corne » qui existent dans les Tuamotu et à Tetiaroa ?
Actuellement, tout le monde en Polynésie se focalise sur le coprah, qui a encore une importance économique. Pourtant il ne faudrait pas que ce cocotier « industriel et capitaliste », qui dure seulement depuis 120 ans, fasse oublier le cocotier culturel, polynésien et traditionel, dont certaines variétés ont été patiemment sélectionnées pendant 1000 à 2000 ans par les anciens polynésiens. En fait, de 1800 à 1930, le nombre de cocotier en Polynésie Française a été multiplié par 40 ou 50. Les gens ont planté absolument partout des cocotiers à coprah, au détriment de la biodiversité et de la végétation endémique. Les variétés traditionelles de cocotier se sont alors diluées dans la masse énorme des cocotiers ne servant que pour le coprah. Certaines variétés ont déjà disparu, d’autres sont menacées de disparition.
Depuis 2006, nous essayons de convaincre la Polynésie Française d’organiser un conservatoire des variétés traditionnelles de cocotier. Il faudrait aux scientifiques environ quatre années de travail pour retrouver les anciennes variétés polynésiennes de cocotier, les décrire, les reproduire et organiser de façon rationnelle leur conservation.

Avancées récentes du projet Polymotu

Le concept Polymotu consiste à utiliser l’isolement géographique de certains sites privilégiés pour conserver et reproduire des variétés de plantes et d’arbres, voire des espèces animales. Au cours des années 2010 et 2011, le concept Polymotu s'est developpé et enrichi. Ces évolutions récentes, qui ouvrent de nouvelles perspectives, se déclinent en quatre principaux points :
1) La possibilité de planter plusieurs variétés de cocotier sur un seul site de conservation. Des semences de ces variétés et leurs hybrides peuvent être produites sur le même site par pollinisation naturelle. La distinction entre semences s’opère en pépinière grâce à des marqueurs phénotypiques comme la couleur du germe. Ceci révolutionne la politique de production de semences. Par exemple en Polynésie Française un seul hybride, d’ailleurs mal accepté, est vulgarisé. L’implémentation de Polymotu permettra la production délocalisée d’une vingtaine d’hybrides en sus des variétés conservées. L’appropriation de ces hybrides par les communautés locales sera facilitée par le voisinage des sites de conservation.
2) Le projet focalise moins sur les îles et s’intègre dans une politique de gestion multifonctionnelle du territoire. Les différents acteurs, tant publics que privés, plantent des cocotiers en permanence ; ces plantations peuvent être orientées afin de mieux prendre en compte la diversité de l’espèce et les critères d’isolation requis pour la conservation. Des sites de conservation très divers sont envisageables : ilots publics ou privés, mais aussi parcs publics et monuments, jardins d’hôtels ou de lieux publics, golfs, plantations d’autres cultures pérennes, fonds de petites vallées. Même certains petits villages dans leur globalité peuvent server de site de conservation si les habitants s’accordent à ne planter qu’un portefeuille variétal précis.
3) Le projet prévoit d’intégrer la diversité variétale dans le tissu culturel. Par exemple, en Polynésie Française, les grandes fêtes incluent déjà des aspects liés aux cocotiers comme des concours de grimper, des concours de vitesse de décoquage. En revanche ces manifestations ne prennent pas en compte la diversité variétale de l’espèce. Nous proposons d’inclure des concours variétaux (par exemple : prix de la plus grosse noix, prix du meilleur Kaipoa vert, prix du meilleur cocotier médicinal). Ces concours, dotés de prix, permettront de diffuser les savoirs et d’obtenir certaines des semences nécessaires pour la plantation des sites de conservation.
4) Pour des raisons économiques et techniques, le concept de Polymotu monte en puissance dans la stratégie globale de conservation du cocotier définie au niveau mondial par le Réseau International COGENT des ressources génétiques du cocotier. Le principal facteur limitant de la conservation réside de la lourdeur et le cout prohibitif des fécondations contrôlées. De nombreux pays n’ont pas les moyens de maintenir le laboratoire et le personnel nécessaires à la réalisation de ces fécondations. C’est par exemple le cas à Fidji, Samoa, Tonga, au Vietnam, etc. Pour les grandes collections internationales, les Philippines ont récemment dupliqués des accessions en pollinisation libre selon des conditions d’isolation à mon avis douteuses voire inexistantes. L’Indonésie fait de même. Le Brésil s’apprête à en faire autant, recourant d’ailleurs à du matériel conservé par une société privée plutôt qu’aux accessions déjà disponibles dans la collection étatique.
Dans les collections classiques, la durée de vie des accessions, à l'exception des variétés naines, se limite à 25 à 30 ans. A cet âge, la plupart des cocotiers atteignent 15 m de haut ou plus. Les accessions doivent être renouvelées avant que les inflorescences ne deviennent inaccessibles[1]. Le renouvellement d’une accession nécessite d’escalader environ 75 cocotier, chacun environ 15 à 20 fois[2]. La production des 200 semences nécessaires à la duplication d'une accession demande un an et demi et coûte plus de 2000 USD. Seuls les scientifiques disposant de budgets conséquents peuvent acquérir des semences dans les collections classiques. Les agriculteurs n'en ont pas les moyens.
Alternativement, les cocotiers peuvent être plantés en isolement géographique et reproductif. Les contraintes liées à la hauteur et l'âge des palmiers sont alors supprimées. Les accessions peuvent alors être conservées 75 à 100 ans. Au lieu de monter les cocotiers, les noix tombées naturellement au sol fournissent des des semences certifiées et bon marché. Les cocotiers morts peuvent être remplacés sans qu’il soit nécessaire d’abattre ceux qui restent, comme cela se produit dans les collections classiques. Le triplement de la durée de vie des accessions représente une économie considérable de temps, de main-d’œuvre et d'argent. Les semences deviennent abordables pour les agriculteurs.
En Polynésie, divers partenaires privés et public ont exprimé leur intérêt pour mettre en place des unités de conservation et de production de semences : l’association Tetiaroa conservation, le Lycée agricole de Moorea, le Jardin Botanique de Tahiti, le Service du Développement Rural de Tahaa, le Sinalei Resort à Samoa…Il reste maintenant à trouver le cadre formel pour mettre en œuvre un projet global.


[1] En fait de nombreuses accessions conservées dans de nombreux pays ont déjà dépassé une hauteur de 15 mètres dans avoir été renouvelées, ce qui pose des problèmes sérieux.
[2] En Côte d'Ivoire, les techniciens utilisent de coûteuses échelles triples qui atteignent une hauteur de 14 mètres. Dans d’autres pays, comme l'Inde ou l'Indonésie, les palmiers sont montés surtout manuellement, ce qui est risqué. Pour reproduire une accession, les pollinisations contrôlées sont mises en œuvre sur une période de 6 mois; les semences matures sont récoltés un an plus tard, également sur une période de 6 mois. L’ancienne accession est alors abattue et remplacée par la nouvelle..

Variations de la composition de l'huile selon les variétés de cocotier

Par R. Bourdeix, 2019. Article en rédaction, à compléter

Comme le montrent les références ci-dessous, divers auteurs ont étudié les variations de composition de l'huile de cocotier selon les variétés. Il peut exister une variation saisonnière qui n'est généralement pas prise en compte dans les études réalisées, celles-ci se contentant pour la plupart d'un prélèvement réalisé à une ou deux dates, sans considérer les facteurs saison et temps comme des variables à expliquer.

Références

Concernant les différences variétales pour la composition de l'huile

Kumar, S. N. (2011). Variability in coconut (Cocos nucifera L.) germplasm and hybrids for fatty acid profile of oil. Journal of agricultural and food chemistry, 59(24), 13050-13058.
Lemos, T. L. G., & Aguiar, G. R. (2014). Fatty chemical composition and antioxidant activities of coconut oils (Cocos nucifera L). Journal of Medicinal Plants Research, 8(34), 1081-1085.
Assa, R. R., Konan, J. K., Prades, A., Nemlin, J., & Koffi, E. (2010). Physicochemical characteristics of kernel during fruit maturation of four coconut cultivars (Cocos nucifera L.). African Journal of Biotechnology, 9(14), 2136-2144.

Concernant plus spécifiquement l'huile vierge de coco

Marina, A. M., Man, Y. C., Nazimah, S. A. H., & Amin, I. (2009). Chemical properties of virgin coconut oil. Journal of the American Oil Chemists' Society, 86(4), 301-307.

Sur les methodes de différentiation des huiles

Rañola, R. A. G., Santiago, K. S., & Sevilla, F. B. (2016). Use of array of conducting polymers for differentiation of coconut oil products. Talanta, 146, 75-82.

Sur l'huile de "testa", la cuticule brune qui entoure l'albumen.

Zhang, Y., Zheng, Y., Duan, K., & Gui, Q. (2015). Preparation, antioxidant activity and protective effect of coconut testa oil extraction on oxidative damage to human serum albumin. International Journal of Food Science & Technology.

  

Cocotiers à noix rayées

Ce type de cocotier a d'abord été observé à Tonga, sous la forme d'un cocotier de type Grand, et plus récemment au Vietnam, sous la forme d'un cocotier de type Nain à noix rayées. Il n'est pas sur que ces diverses caractéristiques 'noix rayées" soit toutes génétiquement transmissible, c'est à dire que les semences récoltées sur un cocotier à fruits rayés redonnent des cocotiers à fruits rayés. 

De par son originalité et sa beauté, ce type de cocotier présente un intérêt pour le paysagisme et l'aménagement des jardins.

Noix et pétioles rayés de Tonga. © R. Bourdeix, 2021.


A Bora Bora Dominique Pétras a sauvegardé un rare cocotier Ha'ari Papua à fruits jaunes en forme de poire, dont les jeunes fruits présentent souvent des rayures vertes.

Cocotier Ha'ari Papua à fruits jaunes rayés en forme de poire. © R. Bourdeix, 2021.
Bora Bora.

Sur l'attoll de Fangatau, certains cocotiers produisent des régimes qui se couvrent de rayures avant maturité.

. Cocotier Grand de Fangatau. © R. Bourdeix, 2021.




Utilisation de drones pour inventorier et gérer des plantations de cocotier

Première étape: recherches bibliographiques

2008. Compte rendu final du projet AgriDrone: utilisation de capteurs embarqués sur drone pour caractériser l'état hydrique et nutritif des cultures; application à la canne à sucre sur le site pilote de l'île de La RéunionAuteurs : Authors: Bégué, Agnès ; Lebourgeois, Valentine ; Houles, Marion ; Degenne, Pascal ; Labbé, Sylvain ; Dupuy, Stéphane ; Roux, BrunoOrganismes : Corporations: UMR TETIS (Montpellier, France)Type de document : Document type: RapportLangue : Language: françaisEditeur : Publisher: Montpellier : CIRAD, 2008 35 p.. annexes.