Cette variété est répandue dans la plupart des îles
tropicales du Pacifique. En revanche, elle est peu représentée dans les
collections du réseau COGENT. Selon la base de données de 2002 sur les
ressources génétiques de la noix de coco, une seule accession de cette variété,
introduite de Rangiroa dans les années 1970, est conservée dans la collection
internationale de Côte d’Ivoire en Afrique. Dans cette collection, les Ha’ari
Papua produisent des fruits de forme ovale.
Conservation et diffusion
Ce nain est planté dans les jardins, où il joue un rôle
essentiellement décoratif. Les petites noix sont parfois bues, mais c’est assez
rare. Cette variété très répandue n’est pas menacée d’extinction. Les fruits
sont trop petits et les pédoncules des régimes sont trop fins et longs pour
l’utiliser comme parent d’hybride : si les régimes sont trop chargés, le
pédoncule risque de se rompre et de provoquer un avortement massif.
Origine et histoire
Ce nain a été nommé « Nain Rouge Tahiti » (en
Anglais le nom international officiel est Tahitian Red Dwarf). Pourtant les
tahitiens eux-mêmes l’appellent Ha’ari Papua, ce qui signifie cocotier de
Papouasie. La Papouasie-Nouvelle-Guinée se situe à près de 6 000 km de Tahiti,
de l’autre côté de l’océan Pacifique. Pendant plusieurs siècles, des marins
polynésiens ou mélanésiens ont traversé l'océan Pacifique en emportant des
variétés de plantes.
Comment l’identifier ?
Si vous rencontrez des cocotiers à petit fruits, feuilles
retombantes en haut de la couronne, et dont les régimes semblent éloignés du
tronc à cause de long pédoncule, il s’agit très probablement d’une forme de
Ha’ari Papua. A noter qu’aux îles Cook et en Papouasie, certaines variétés,
bien que présentant toutes les caractéristiques de fruits et de feuilles des
cocotiers dits « Ha’ari Papua » à Tahiti, ne sont pas des nains. Leur
croissance est similaire à celle d’un Grand ou d’un Semi-Grand.
Les jeunes fruits présentent une couleur rose/mauve à l’intérieur de la bourre. Cette couleur est plus soutenue du coté du pédoncule du fruit. Elle se retrouve aussi sur le tout jeune germe qui émerge du fruit (voir l’illustration au dessus de la photographie de douze fruits), ainsi que sur et dans les pointes racinaires produite par la semence. Donc si vous souhaitez un Vrai Ha’ari Papua Rouge, il faut sélectionner une semence dont le jeune germe est rose puis devient rouge-orangé (et surtout pas brun), et dont les pointes racinaires contiennent au centre un filet rose. Avec ces deux critères de sélection, le taux de réussite est de 100% !
En Polynésie française, il existe une variabilité
importante de la taille des fruits (photo ovale). De plus, il existe au moins
deux teintes différentes de « rouge », en fait un orange (comme sur
la photo ovale) et un rouge orangé plus soutenu. On ne sait pas vraiment si
cette variation de couleur est de nature génétique ou liée à la composition
du sol et au climat. Le « Nain Rouge Tahiti » qui a été introduit dans
la collection internationale de Côte d’Ivoire représentait seulement une
petite fraction de la diversité existante en Polynésie française ; c’est
ce qui nous a conduit à définir deux types de Ha’ari Papua Rouge, l’un à
fruits plutôt ovale, et l’autre à fruits pointus ou en poire. Par ailleurs,
un unique Ha’ari Papua produisant de gros fruits de couleur abricot a été
observé pour la première fois en 2021 sur l’atoll de Kauehi. |
Production et rendement
Ce cocotier de jardin, servant presque uniquement à la
décoration, symbolise l’abondance grâce à ses feuilles aux reflets dorés et,
parfois, ses énormes régimes orange de tout petits fruits. En Côte d’Ivoire, la
production de cette variété est restée faible, de l’ordre de 60 fruits par
cocotier et par an, soit 30 fruits de moins que le témoin Nain Jaune de
Malaisie. Cependant le lieu de plantation était un mauvais terrain épuisé par
la culture du manioc. Dans les jardins de Polynésie, on observe fréquemment des
arbres avec plus de cinquante fruits dans chaque régime ! À l'intérieur du
fruit, la noix est ronde, parfois pointue à l'extrémité distale si le cocotier a
souffert de la sécheresse. Les noix mûres contiennent peu d'eau. En Côte
d’Ivoire, une noix mûre pesait en moyenne 200 g avec 70 g d’amande et seulement
7 ml d’eau, en moyenne 6-7 ans. L’amande est riche en huile ; mais elle
est si petite que personne n’en extrait l’huile.
Il y a un usage pour lequel il serait intéressant de tester
cette variété : l’extraction de toddy, la sève du cocotier, par incision
des inflorescences. En effet, les opérations sont plus faciles sur les
cocotiers qui ont de longues inflorescences, que l’on a besoin de pencher
progressivement avant de les inciser.
Références
Pour plus d’information et d’images, consulter le site
web :
https://cocotierpolynesie.blogspot.com/2019/10/aaa-18-haari-papua-rouges-fruits-ovales.html
N’Cho Y.P., Le Saint J.P.,
Sangare A. (1988). Les cocotiers Nains à Port Bouët (Côte d’Ivoire). III. Nain
Brun Nouvelle-Guinée, Nain Vert Thaïlande, Nain Rouge Polynésie. Oléagineux
43:55-66.
Ha’ari Papua Rouge à fruits ovales © R. Bourdeix, 2006 |
Ha'ari Papua à fruits ovales Un cocotier aux fruits plus gros que la moyenne de la variété sur l'île de Tahiti (-17.548612, -149.336907) |
Planche du livre "Guide des variétés..." |