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18. Haari Papua Rouge à fruits ovales

Par R. Bourdeix et P. Atail, 2014.

Cette variété est répandue dans la plupart des îles tropicales du Pacifique. En revanche, elle est peu représentée dans les collections du réseau COGENT. Selon la base de données de 2002 sur les ressources génétiques de la noix de coco, une seule accession de cette variété, introduite de Rangiroa dans les années 1970, est conservée dans la collection internationale de Côte d’Ivoire en Afrique. Dans cette collection, les Ha’ari Papua produisent des fruits de forme ovale.

Conservation et diffusion

Ce nain est planté dans les jardins, où il joue un rôle essentiellement décoratif. Les petites noix sont parfois bues, mais c’est assez rare. Cette variété très répandue n’est pas menacée d’extinction. Les fruits sont trop petits et les pédoncules des régimes sont trop fins et longs pour l’utiliser comme parent d’hybride : si les régimes sont trop chargés, le pédoncule risque de se rompre et de provoquer un avortement massif.

Origine et histoire

Ce nain a été nommé « Nain Rouge Tahiti » (en Anglais le nom international officiel est Tahitian Red Dwarf). Pourtant les tahitiens eux-mêmes l’appellent Ha’ari Papua, ce qui signifie cocotier de Papouasie. La Papouasie-Nouvelle-Guinée se situe à près de 6 000 km de Tahiti, de l’autre côté de l’océan Pacifique. Pendant plusieurs siècles, des marins polynésiens ou mélanésiens ont traversé l'océan Pacifique en emportant des variétés de plantes.

Comment l’identifier ?

Si vous rencontrez des cocotiers à petit fruits, feuilles retombantes en haut de la couronne, et dont les régimes semblent éloignés du tronc à cause de long pédoncule, il s’agit très probablement d’une forme de Ha’ari Papua. A noter qu’aux îles Cook et en Papouasie, certaines variétés, bien que présentant toutes les caractéristiques de fruits et de feuilles des cocotiers dits « Ha’ari Papua » à Tahiti, ne sont pas des nains. Leur croissance est similaire à celle d’un Grand ou d’un Semi-Grand.

Les jeunes fruits présentent une couleur rose/mauve à l’intérieur de la bourre. Cette couleur est plus soutenue du coté du pédoncule du fruit. Elle se retrouve aussi sur le tout jeune germe qui émerge du fruit (voir l’illustration au dessus de la photographie de douze fruits), ainsi que sur et dans les pointes racinaires produite par la semence. Donc si vous souhaitez un Vrai Ha’ari Papua Rouge, il faut sélectionner une semence dont le jeune germe est rose puis devient rouge-orangé (et surtout pas brun), et dont les pointes racinaires contiennent au centre un filet rose. Avec ces deux critères de sélection, le taux de réussite est de 100% !

En Polynésie française, il existe une variabilité importante de la taille des fruits (photo ovale). De plus, il existe au moins deux teintes différentes de « rouge », en fait un orange (comme sur la photo ovale) et un rouge orangé plus soutenu. On ne sait pas vraiment si cette variation de couleur est de nature génétique ou liée à la composition du sol et au climat. Le « Nain Rouge Tahiti » qui a été introduit dans la collection internationale de Côte d’Ivoire représentait seulement une petite fraction de la diversité existante en Polynésie française ; c’est ce qui nous a conduit à définir deux types de Ha’ari Papua Rouge, l’un à fruits plutôt ovale, et l’autre à fruits pointus ou en poire. Par ailleurs, un unique Ha’ari Papua produisant de gros fruits de couleur abricot a été observé pour la première fois en 2021 sur l’atoll de Kauehi.

Production et rendement

Ce cocotier de jardin, servant presque uniquement à la décoration, symbolise l’abondance grâce à ses feuilles aux reflets dorés et, parfois, ses énormes régimes orange de tout petits fruits. En Côte d’Ivoire, la production de cette variété est restée faible, de l’ordre de 60 fruits par cocotier et par an, soit 30 fruits de moins que le témoin Nain Jaune de Malaisie. Cependant le lieu de plantation était un mauvais terrain épuisé par la culture du manioc. Dans les jardins de Polynésie, on observe fréquemment des arbres avec plus de cinquante fruits dans chaque régime ! À l'intérieur du fruit, la noix est ronde, parfois pointue à l'extrémité distale si le cocotier a souffert de la sécheresse. Les noix mûres contiennent peu d'eau. En Côte d’Ivoire, une noix mûre pesait en moyenne 200 g avec 70 g d’amande et seulement 7 ml d’eau, en moyenne 6-7 ans. L’amande est riche en huile ; mais elle est si petite que personne n’en extrait l’huile.

Il y a un usage pour lequel il serait intéressant de tester cette variété : l’extraction de toddy, la sève du cocotier, par incision des inflorescences. En effet, les opérations sont plus faciles sur les cocotiers qui ont de longues inflorescences, que l’on a besoin de pencher progressivement avant de les inciser.

Références

Pour plus d’information et d’images, consulter le site web :           
https://cocotierpolynesie.blogspot.com/2019/10/aaa-18-haari-papua-rouges-fruits-ovales.html

N’Cho Y.P., Le Saint J.P., Sangare A. (1988). Les cocotiers Nains à Port Bouët (Côte d’Ivoire). III. Nain Brun Nouvelle-Guinée, Nain Vert Thaïlande, Nain Rouge Polynésie. Oléagineux 43:55-66.

Ha’ari Papua Rouge à fruits ovales © R. Bourdeix, 2006




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Ha'ari Papua à fruits ovales
Un cocotier aux fruits plus gros que la moyenne de la variété
sur l'île de Tahiti (-17.548612, -149.336907)

Voici la planche réalisée en 2019.





Planche du livre "Guide des variétés..."
En Côte d'ivoire, ce Nain est le plus petit de tous les cocotiers. Huit ans après la plantation, son tronc ne dépasse pas un mètre de hauteur en moyenne. Ensuite sa croissance reste inférieure même à celle du Nain Vert du Brésil. Ses feuilles souples aux folioles longues lui donnent une silhouette particulière, qui permet de distinguer cette variété des Nains malais.
Comme chez le Nain Jaune de Malaisie, les fleurs mâles et femelles de l’inflorescence sont à maturité au même moment. L’autofécondation est donc de règle.
Les régimes sont des grappes de petits fruits suspendus au bout d’un long pédoncule. Encore jeunes, ces fruits ovales revêtent une couleur rouge orangée soutenue. A complète maturité, ils présentent un téton petit mais bien dessiné. A l’intérieur du fruit la noix est ronde ; elle devient parfois pointue dans sa partie distale si l’arbre souffre de sécheresse. La noix est pauvre en eau à maturité. En Côte d’Ivoire, pour un fruit mature d’un poids moyen de 200 grammes, on observe 70 grammes d’amande et seulement 7 grammes d’eau en moyenne sur des cocotiers âgés de 6 à 7 ans. Cette amande est par contre riche en huile. La germination des semences, plutôt lente pour un Nain, n’atteint pas un taux élevé.
En Côte d’Ivoire, le Nain Rouge de Tahiti débute sa floraison quatre ans et quatre mois après la plantation, soit plus de deux ans après le Nain Jaune de Malaisie ; il produit une soixantaine de fruits par arbre et par an, soit trente fruits de moins que le Nain Jaune.
En Polynésie, ce Nain sert essentiellement à la décoration des jardins. Sur des sols volcaniques bien arrosés, certains cocotiers portent parfois plusieurs centaines de petits fruits, laissés longtemps sur l’arbre, et finalement assez peu consommés. La fonction du Nain Rouge de Tahiti se rapproche peut être de celle des cocotiers dit « wedding» (littéralement cocotier de noces) des îles Tuvalu. Lorsqu’il y a trop d’invités et pas assez de grosses bonnes noix de coco à boire, on distrait les invités en leur offrant ces jolis petits fruits disponibles en grand nombre.
Du fait de sa floraison tardive et de sa production faible, le Nain Rouge de Tahiti a peu été utilisé dans les programmes de création variétale. En Côte d’Ivoire, il a cependant été hybridé en 1993 avec quatre autres variétés.

Identification
Le Nain Rouge de Tahiti se distingue facilement des autres types de Nains Rouges. Sa couleur est plus intense que celle des Nains de Malaisie et du Cameroun.
De plus, c’est à notre connaissance le seul cocotier aux noix rouges dont les fleurs, les jeunes fruits et l’extrémité des racines possèdent une coloration rose interne des tissus, à l'exception du nain rouge compact qui vient d'être décrit en Polynésie (article sur ce site).
En Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Vanuatu, on rencontre plusieurs Nains tout aussi rouges que celui de Tahiti. Ils s’en distinguent cependant par leurs fruits pointus, qui possèdent un téton très proéminent, ou par l’absence de couleur rose interne des tissus.