En 2019 sur l'île de Bora Bora, dans un jardin appartenant à
la famille Montaron, nous avons observé trois magnifiques spécimens de cette
variété. Cette variété n’est pour l’instant pas référencée dans la base de
données du réseau COGENT, et n’est conservée dans aucune collection. Un seul
exemplaire avait été préalablement observé en 2006 par R. Bourdeix sur l’île de
Raiatea. En 2021, quelques arbres ont été observés dans le village principal de
l’atoll de Tatakoto.
Conservation et diffusion
Cette variété est l’exemple par excellence de celles qui
pourraient être conservées selon les méthodes de « collection
délocalisée à base communautaire », voire « Polymotu - plantations en
milieu urbain ». Il y a à cela deux raisons : son esthétique
originale est du plus bel effet ; ensuite, personne ne peut être blessé
en recevant une aussi petite noix de coco sur la tête ! A conseiller
donc pour agrémenter les lieux publics (parcs ou jardins des administrations)
ou touristiques (tels que les jardins des hôtels), ainsi que pour la
production d’artisanat. |
A Bora Bora il a été signalé des difficultés à faire germer
cette variété. Les cocotiers retiennent longtemps leurs fruits et lorsque ces
derniers finissent par tomber, ils sont souvent trop vieux pour germer. La
solution consiste à faire tomber des fruits plus jeunes de l’arbre, et de
mettre en germination tous les fruits qui clapotent, y compris ceux dont
l’épiderme est encore vert. Pour reproduire cette variété, il faut choisir
uniquement les semences dont le germe est d'une couleur verte bien soutenue.
Lorsque la semence germe, de grosses pointes racinaires sortent dessous.
L'extrémité de la pointe de ces semences doit être rose ; si l'une de ces
pointes racinaires est fendue en deux, on trouvera au centre une sorte de filet
rose très caractéristique. En sélectionnant les semences germant vert et à
filet rose dans les racines, on devrait avoir des semences fidèles au type.
Ensuite, il ne faut pas hésiter à supprimer en pépinière, ou ultérieurement
dans les champs, les cocotiers qui semblent atypiques. L'extrémité des jeunes
feuilles ouvertes (celles qui sont encore verticales) doit être courbe et
retombante.
Origine et histoire
A Bora Bora, le jardin dans lequel a été trouvé cette
variété nous a semblé étonnant. Il n’y poussait que trois cocotiers, tous des
Ha'ari Papua à petits fruits verts. Nous avons demandé à la propriétaire
pourquoi elle avait choisi de planter uniquement ces cocotiers à tout petits
fruits, et pourquoi elle n'avait pas plutôt panaché les variétés - certaines à
gros fruits, d'autres à petits fruits ? Elle nous a répondu que ces cocotiers
avaient été plantés par son père, un artisan qui utilisait ces noix spéciales
pour fabriquer de petits bols et d'autres objets.
Les cocotiers de type Ha’ari Papua sont originaires de
Papouasie. Ils sont bien reconnaissables à leurs régimes à longs pédoncules,
généralement chargés de petits fruits contenant une noix ronde. Nul ne sait
quand ils ont été introduits en Polynésie.
Comment l’identifier ?
Impossible de se tromper ! Des régimes à long
pédoncules, chargés d’un grand nombre de petits fruits vert en forme de
poire ; une petite noix ronde située à l’extrémité distale du fruit, qui a
parfois tendance à sécher complètement sur l’arbre sans tomber, jusqu’à que
l’amande se transforme naturellement en coprah ; une couleur rose vif à
l’intérieur des jeunes fruits et des pointes des grosses racines émergeant de
la semence.
Production et rendement
La production peut atteindre 400 à 500 fruits par cocotier
et par an. Certains régimes portent plus de cinquante fruits. A maturité, le
poids des fruits dépasse rarement 200g, et celui de l’amande 100g. La coque est
assez épaisse et résistante, bien adaptée à des utilisations artisanales.
Dans les temps anciens, avec une dizaine de petites coques
rondes évidées et de la corde de fibre de cocotier, certains Polynésiens
réalisaient des sortes de grappes qu’ils suspendaient comme décoration dans
leurs habitations.
Devrait-on utiliser une telle variété pour créer des
hybrides ? On serait tenté de répondre que non, car les fruits sont vraiment
très petits. Cependant la valeur phénotypique d'un cocotier n'est pas
directement liée à sa valeur en croisement. Un "mauvais" cocotier
peut parfois donner d'excellents hybrides, et un "bon" cocotier peut
donner de mauvais hybrides (surtout si ce « bon » cocotier est en
fait lui-même déjà un hybride). Sans investir trop d'énergie dans cette
direction, il faudrait essayer au moins une fois d'inclure cette variété dans
un croisement, par exemple, avec un Nain Rouge Compact à gros fruits comme
celui de Bora Bora, Cela pourrait donner des résultats intéressants... Avis aux
amateurs ! si un jardinier de Bora Bora est tenté, avec deux variétés
plantées non loin l’une de l’autre, il serait facile de prendre du pollen sur
l’une pour féconder l’autre…
A noter qu'un grand nombre de petits fruits peut être un
avantage pour la production de semences, les régimes de chaque cocotier utilisé
comme femelle donnant chacun plus d'une cinquantaine de fruits... Si bien sur
l'hybride produit des noix plus grosses !
Ha’ari Papua vert à fruits roses dedans de Bora
Bora en 2019. Ce cocotier avait été coupé en 2021. © R. Bourdeix, 2019 |
L'un des deux arbres observés à Tahiti en 2009 (-17.565503, -149.611075) |
Un des trois arbres observés à Bora Bora (-16.543673, -151.735610) |
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