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30. Grand de Polynésie Bol

Par R. Bourdeix, 2009 et 2019.

Conservation et diffusion

Cette variété a été référencée pour la première fois dans la commune d’Arue à Tahiti, dans un jardin visité parce qu’un rare cocotier Nain Rouge Malaisie avait été repéré depuis la route. Elle a ensuite été observée à Aratica dans une plantation de la famille Juventin. Dans les deux cas, il s’agissait d’un cocotier isolé et non d’un groupe de cocotiers de la même variété. En 2021, cette origine polynésienne n’est encore conservée dans aucune collection.

Origine et histoire

Dans la commune d’Arue, la propriétaire a décrit ce cocotier comme appartenant à une ancienne variété traditionnelle, héritée des ancêtres. Elle ne lui connaissait pas de nom tahitien, et l’appelait «cocotier Bol ». Ce nom indique que cette variété servait à confectionner des récipients. Ce même terme de « Bol » a ensuite été retrouvé à Aratika. L'usage de cette variété comme "bol" semble correspondre au type « Aua » décrit par Teuira Henri en 1848 comme des « Noix à fond plat dont on fait des écuelles ». Elle semble aussi correspondre au type Samoan décrit comme « Niu Vai », littéralement le cocotier pour l’eau.

En 1848, Teuira Henry a noté que les tahitiens savait déjà que, sur l’île de Niuafo'ou de l’archipel des Tonga, se trouvait les fruits les plus gros, ayant plus de soixante centimètres de périmètre. Le nom de l’île signifie "Noix de coco nouvelle". Cette variété tongienne est probablement à l’origine des cocotiers « Bol » et « Niu Vai ». L’étude des cocotiers existant encore sur cette île devrait être une priorité pour la recherche génétique sur le cocotier.

Au Fenua, il semble que la reconstitution d’une variété à partir des quelques cocotiers actuellement disponibles ne sera pas facile. A Aratika, en 2021, Emile Juventin nous a dit avoir semé environ 80 fruits récoltés sur son unique cocotier « Bol ». Seul l’un de ces 80 descendants a redonné un vrai cocotier « Bol ».Il faudrait donc continuer les prospections pour essayer de localiser une plantation du Fenua dans laquelle sont déjà regroupés plusieurs cocotiers de cette variété.

Comment l’identifier ?

Cette variété se caractérise par de gros fruits à la bourre fine, dont la noix est aplatie du coté distal de fruit (à l’opposé du pédoncule). Posée sur le sol ou sur une table, la noix débourrée ne roule pas et sa stabilité permet de l’utiliser comme récipient. Selon ce critère, seul le fruit présenté au milieu de la photo de 12 fruits de la planche variétale est un vrai cocotier « Bol ». Il provient de la plantation Juventin à Aratika.

Production et rendement

Les quelques cocotiers observés produisaient un nombre moyen de fruits, de l’ordre de 30 à 50 par an, mais l’un de ces arbres était très âgé. Il est difficile de faire une estimation plus précise du potentiel de production. Les fruits observés pesaient 2,8 à 3 kg, et contenaient environ 800 g d’une amande relativement fine, adhérant fortement à la coque. L’eau dépasse généralement 700 ml par fruit mature. Des contenus en eau (des noix immatures) de deux litres, voire cinq, ont été évoqués par certains informateurs, mais nous n’avons pas pu pour l’instant observer de tels fruits. Aux Marquises, en 2009, un agriculteur possédait un exemplaire à très gros fruits de cette variété mais n’arrivait pas à la reproduire. Les fruits, très lourds et la bourre mince, se cassaient lorsqu’ils tombaient du cocotier et perdaient leur capacité de germination.

Références

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L'usage de cette variété comme "bol"semble correspondre au type « Aua » décrit par Tueira Henri en 1848 comme des « Noix à fond plat dont on fait des écuelles ». Un unique exemplaire de cette variété a pour l’instant été nommé dans un jardin à Arue, visité en premier lieu parce qu’un rare cocotier Nain Rouge Malaisie était visible depuis la route.
Sa propriétaire décrit ce cocotier comme appartenant à une très ancienne variété traditionnelle, héritée des ancêtres. Elle ne lui connait pas de nom tahitien, et l’appelle « cocotier Bol », semblant indiquer que cette variété servait à confectionner des récipients.
Fruits du cocotier d'Arue
présenté comme la variété "Bol"
mais probablement hybridé

Les cocotiers à gros fruits en forme de poire ou d’avocat sont parfois dénommés Aua. La bourre est fine, la noix est en forme de cône et présente une base large et plate, qui permettait dans l’ancien temps de faire avec les coques des récipients au fond bien plat qui tenaient sur le sol sans se renverser. Les gros fruits se terminent souvent par une sorte de téton bien marqué. Ce type de cocotier a été signalé à Moorea. Ils sont aussi observés dans d'autres îles polynésiennes et en particulier l’île Rennell au Solomon et l’île Rotuma au Fidji. Le cocotier trouvé dans le jardin, bien que nommé "bol", ne correspondait pas vraiment à ce type: les noix étaient bien grosses mais n'avait pas le fond plat.

Fruits du cocotier présenté comme la variété "Bol"
mais ne semblant pas correspondre au type décrit par ailleurs
Il s'agit probablement d'une dérive génétique,
le type ancestral étant dilué.
en 2009; M. Widric GANDOUIN nous avait signalé avoir vu à Tahiti des cocotiers portant des fruits de très grosse taille, mais nous n'avons pas pu vérifier l'information. "J'avais remonté sur 3 ou 4 km la rivière située en fond de vallée située au pk 25.8 à Tiarei, Côte Est, derrière la propriété de Monsieur Gaston SAUVOT à qui il faut demander, pour la forme et de ma part si vous le souhaitez, la permission d’accès. Après une grande cascade de départ (+15 min) et différents sauts (+ 40 min) puis une gorge avec un petite escalade (niv + 3 m sans équipement) vous arrivez à un point de rivière plus calme avec des plats rocheux sinueux où visiblement des populations ont vécu, les cocotiers sont en lisière sur la droite."
Petite histoire...
Un dimanche de Février 2009, j'ai (Dr Roland Bourdeix) essayé de retrouver les cocotiers cités par M. Widric Gandouin . Je suis parti en stop car impossible de trouver une voiture à louer à cause d'un congrès international, 800 chercheurs venaient à Tahiti... il m'a fallu trois voitures pour arriver jusqu'au kilomètre 25.8 (les kilomètres sont comptés à partir de Papeete)
Quelqu'un m'indique la maison de M. Gaston Sauvot, mais cette maison était vide. Un chemin glissant de boue montait raide. Je n'ai pas vu de grande cascade. A un moment le chemin s'arrête. Ensuite j'ai essayé de remonter dans le lit de la rivière, mais je suis arrivé à un endroit ou de nombreux arbres étaient tombés et barraient le passage.



Au retour, trois voitures ont été nécessaire pour arriver à ma maison d'Arue près du rond point d'Erima. la plus étonnante est reproduite ci-dessous...