L’archipel des Salomon est situé dans l’océan Pacifique, à
l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'île Rennell, à environ 150 km au sud
de la capitale Guadalcanal, mesure environ 80 km de long sur 14 de large. Avec
sa petite voisine l’île Bellona, Rennell abrite une population polynésienne,
alors que les autres îles de l’archipel ont une population mélanésienne. L’île
volcanique est presque entièrement bordée de grandes falaises. Au Sud-est, le
Lac Tengano constitue le second plus grand atoll surélevé au monde.
Conservation et diffusion
En 1905, la société « Levers Pacific Plantation Limited »
s’est installée dans l’archipel et a développé des cocoteraies industrielles.
De 1950 à 1970, diverses variétés de cocotier dont le Grand Rennell ont été
collectées localement ou importées, en collaboration avec le gouvernement. L’unique
endroit ou l’on trouvait cette variété était autour du lac.
Parmi les autres origines du Pacifique, le Grand Rennell
s’est révélé comme la variété qui donnait les meilleurs hybrides. Elle a été
introduite simultanément en Côte d’Ivoire et en Polynésie dans les années 1960 ?,
et a aussi été envoyée par la Société Levers dans plusieurs pays. A la
fermeture de Levers, la Côte d’Ivoire le CIRAD (ex IRHO) et le CNRA ont pris le
relais et exporté le Rennell dans de nombreux autres pays.
Origine et histoire
Le lac Tengano de l’île Rennell est
un atoll surélevé qui abrite 111 îles. Une
espèce endémique de serpent venimeux y prospère. La quasi-totalité des
îles abritent des cocotiers, un seul à plusieurs centaines par île. Dans le
passé, les Polynésiens visitaient fréquemment et habitaient occasionnellement
certaines de ces petites îles. Une hypothèse récente est cette fragmentation du
paysage a joué un rôle dans la création de la variété Rennell. Chaque île a
offert un isolement reproductif partiel, contribuant à la reproduction, à
l'obtention et à la conservation de différents types de cocotiers. La variété Rennell
a probablement fait son apparition sur l'une des 111 îles du lac Tengano.
Grands voyageurs, les habitants de Rennell sont venus de
Wallis et Futuna il y a plus de 500 ans et transitaient par de nombreuses
autres îles, dont Rotuma au Fidji et le Nord du Vanuatu. Certains d’entre eux,
avec des étapes successives, ont sans doute voyagé jusqu’en Polynésie française.
Il existe probablement, dans la cocoteraie du Fenua, un mélange des types
variétaux proches du Rennell qui sont venus de Rotuma, de Rennell ou de Wallis.
Comment l’identifier ?
La forme des fruits du « vrai »
Grand Rennell reste assez variable, oblongue ou en poire. Les fruits les plus caractéristiques
portent à leur bout un téton bien formé. A l’intérieur, la noix est en forme de
goutte, pointue du côté de l’attache du fruit. Du côté opposé, la coque de la
noix se termine souvent en une sorte de pointe ligneuse qui s’enfonce dans la
bourre d’un ou deux centimètres. La couleur des jeunes fruits varie du vert
tendre au brun rouge, mais on rencontre parfois des tons orangés, voire jaunes.
Les fruits ont une bonne composition, avec une forte proportion d’amande et
d’eau libre. L’île Rennell manque cruellement d’eau potable, car celle du lac
provoque des intoxications. Les habitants ont peut-être progressivement
sélectionné des cocotiers dont les fruits contiennent beaucoup d’eau.
Le stipe du Grand Rennell est massif et débute généralement par
un large bulbe basal. Ses feuilles sont relativement courtes alors que la
taille du tronc est considérable. Les inflorescences débutant par un très long
pédoncule sont larges et lourdes ; elles s’infléchissent rapidement après
ouverture.
En Polynésie française, une
mission a été organisée à Rangiroa pour retourner à Vahituri, l’ancien site de
la collection abandonnée depuis plusieurs décennies, pour tenter de retrouver
la variété Grand Rennell importée des Salomon dans les années 1960. Les
cocotiers qui ont été identifiés comme potentiels « Rennell » avaient
des fruits de la forme caractéristique en poire avec un téton bien marqué.
Quelques îles du lac Tengano de l’île Rennell. © R. Bourdeix, 2018. |
Cependant, lorsque ces fruits ont
été coupés pour observer la forme de la noix, force est de constater que ces
noix ont une forme clairement différente de celle des noix de Rennell. Ceci
s’est confirmé à Rangiroa, mais aussi à Bora Bora et sur l’atoll de Tatakoto.
Au lieu d’être pointue du coté proximal (celui de l’attache du fruit) elles
sont soit rondes soit pointues du coté distal, vers l’extrémité du fruit.
La variété originale Grand Rennell, telle qu’importée dans
les années 1960 des îles Salomon, n’a donc pas été retrouvée. Cependant
certains des géniteurs identifiés en Polynésie française présentent des
caractéristiques exceptionnelles, avec une bourre très fine et une amande
épaisse, en particulier sur l’atoll de Tatakoto (représentés par la colonne
centrale de quatre fruits sur la photographie de douze fruits). Peut être que
ces formes de cocotiers à fruits présentant un téton, typique de Rennell
et de Rotuma, ont été importés par les anciens Polynésiens il y a plusieurs
décennies, voire plusieurs siècles, avant l’introduction scientifique de 1960.
Production et rendement
A Rangiroa, les fruits matures pesaient entre 1 500 et
17 00 g et contenaient une amande d’environ 450 à 550g. La production
du Grand des îles Rennell a été étudiée dans de nombreux pays. La floraison,
assez précoce, débute en moyenne 55 à 60 mois après plantation. De 48 à 78
fruits sont produits en moyenne par arbre et par an à l’âge adulte. Le poids du
fruit varie de 1 440 g (en Tanzanie) à 1 710 g en Côte
d’Ivoire. L’amande pèse entre 490 g (Tanzanie) et 590 g (Thaïlande). Parfois,
des fruits vides dits « bananes », se développent sans fécondation. Ils ne
contiennent que de la bourre et prennent une forme longue et étroite, bien
caractéristique.
De nombreux pays utilisent le Grand Rennell dans leurs programmes d’amélioration génétique du cocotier. Plusieurs de ses hybrides sont diffusés auprès des planteurs.
Fruits et régimes de
Grand Rennell photographiés dans la collection internationale de Côte d’Ivoire. © R. Bourdeix, 2005. |