Dans la base de données CGRD des ressources génétiques du
Cocotier, le Grand Rangiroa (en abrégé RGT) serait représenté par 8 accessions
totalisant 466 cocotiers plantés dans les collections de Côte d’Ivoire,
Jamaïque, Malaisie, îles Salomon et Vanuatu. Il a été envoyé à la collection
internationale de Côte d’Ivoire dans les années 1960, lorsque d’autres variétés
étaient importées depuis la Côte d’Ivoire sur l’atoll de Rangiroa. A partir
d’Afrique, il a été diffusé dans plusieurs pays. Il a aussi été importé des
Îles Salomon en Malaisie dans les années 1970.
Conservation et diffusion
En fait, au Vanuatu, la
première introduction a été décimée par l’helminthosporiose (une maladie
fongique) ; seuls deux cocotiers on survécu et ont été croisés pour
maintenir la variété ; aux îles Salomon, la station de recherche a été
détruite lors de la guerre civile ; en Jamaïque, les cocotiers ont été
tués par le Jaunissement mortel. Le Grand de Rangiroa est aussi conservé dans
le champ semencier de Raïatea (Polynésie française), mais le nombre d’arbres se
réduit et ceux–ci sont âgés. Cette variété est bien sûr abondamment disponible
dans son lieu d’origine ; en cas de nouvelle collecte, il faudra prendre
garde de récolter des arbres situés loin des plantations d’hybrides.
Grand de Polynésie
Rangiroa, photographié dans le champ semencier de Raiatea. © R. Bourdeix, 2019 |
Origine et histoire
Rangiroa est situé dans l'océan Pacifique, à 355 km au
nord-ouest de Tahiti, et constitue le plus grand atoll des îles Tuamotu. Deux
variétés de cocotier ont été introduites de Polynésie française en Côte
d’Ivoire en provenance de Polynésie française. Il s’agit du Grand de Tahiti et
du Grand de Rangiroa, qui sont aussi appelés en Côte d’Ivoire Grand Polynésie N°1
et N° 2.
En fait, à notre avis, le Grand Rangiroa n’est pas vraiment
une variété mais un mélange hétérogène de variétés traditionnelles qui s’est
créé au dix-neuvième siècle lors du boom économique du coprah. Certains fruits
ont une excellente composition, avec une bourre très fine et une amande
épaisse. Mais on y trouve des fruits de tailles et de compositions très
diverses, des arbres bons producteurs et d’autres médiocres.
Comment l’identifier ?
La principale différence entre le Grand Tahiti et le Grand
Rangiroa réside dans la plus grande sensibilité de ce dernier à
l'Helminthosporiose. Cette maladie des feuilles, causée par le champignon Dreschlera incurvata, entraîne des
milliers de petites taches sèches et brunâtres sur les folioles. Les fruits du
Grand Rangiroa semblent aussi varier davantage en forme et en poids.
Une autre différence entre les origines Tahiti et Rangiroa
est de nature écologique : il s’agit de l'adaptation de ces deux variétés à des
sols très différents, corail pour Rangiroa et volcanique pour Tahiti.
Production et rendement
Sur l’atoll de Rangiroa dans les années 1960, les rendements
moyens en RGT étaient très faibles, de 10 à 15 noix par palmier et environ 200
à 250 kg de coprah par ha. En corrigeant les carences minérales du sol, des
rendements allant jusqu'à 1,6 T/ha de coprah ont été atteints. En Côte
d’Ivoire, cette variété a été testée sur des sols sableux. Les palmiers
produisent dès la sixième année après plantation, en moyenne 13 fruits par
cocotier et par an. De 7 à 18 ans, Les rendements varient entre 24 et 62 fruits
par arbre par an (1 à 2,7 T de coprah). Le Grand de Tahiti planté dans la même
parcelle a produit jusqu'à 86 fruits la même année, et en moyenne 640 kg de
coprah de plus par ha. Les fruits pèsent en moyenne de 1240 à 1430 g en
fonction de l’année de plantation. Les noix intérieures pèsent 890-940 g.
L’amande de 470-500 g donne de 270 à 300 g de coprah une fois séché.
À Rangiroa, la teneur en coprah des noix est en moyenne de 250 g, mais de
grandes variations s’observent selon les cocotiers (150 à 400 g). Un poids
record de 6 250 kg a été enregistré pour un fruit au Vanuatu. Les noix peuvent
servir à d’autres utilisations que le coprah, depuis la production d’huile
vierge et de lait jusqu’aux noix à boire.
Autres informations
Des parcelles expérimentales mises en place en 1959 sur
Rangiroa ont permis de formuler des recommandations agronomiques pour un bon
développement des cocotiers sur sols coralliens. Le RGT a été peu utilisé dans
les programmes de sélection dans le monde entier, à cause de sa très grande
variabilité et de sa sensibilité à la maladie. Les sélectionneurs ont préféré
utiliser le Grand Tahiti. Plusieurs hybrides à base de Grand Tahiti ont été
améliorés en Côte d’Ivoire, mais ils n’ont jamais été diffusés. On leur a
préféré des hybrides de Grand Ouest Africain ou de Grand Rennell. Néanmoins,
l'hybride entre le Nain Vert du Brésil et le Grand Rangiroa a été diffusé et
recommandé sur les sols coralliens des îles polynésiennes. Cet hybride a aussi
été testé sur la station de recherche de Saraoutou au Vanuatu.
Références
Pomier, M. (1967). Recherche sur la noix de coco à Rangiroa.
Document technique 153. Commission du Pacifique Sud.
Reboul, J.L. (1980). Cocotiers poussant sur un sol
corallien. Réunion technique régionale sur la culture des atolls, Papeete,
Tahiti. Commission du Pacifique Sud, Nouméa.