.
.
.
.
.
.

Affichage des articles dont le libellé est Bourdeix. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bourdeix. Afficher tous les articles

32. Grand Polynésie Nape utilisés pour les fibres de la bourre

Par R. Bourdeix, 2006 et 2019.

Avez-vous déjà entendu parler des noix de coco les plus longues du monde? On les trouve dans les îles de Polynésie et de Mélanésie. Ces variétés ont été spécialement sélectionnées pour l'utilisation des fibres de la bourre (enveloppe du fruit), qui servaient à faire de la corde. Dans l’ancien temps, les pirogues en bois étaient fabriquées sans utiliser de clous, en attachant les planches avec ce type de corde. Ces cocotiers sont connus en Polynésie française sous les appellations Nape, Puru, ou Rau.

La plupart des variétés de cocotier peuvent être utilisés pour les fibres de la bourre, qui ont un grand nombre d'utilisations: fabrication de cordes, de paillassons, de géotextiles, de matériau support pour la culture hors sol, de récipients biodégradables pour l'horticulture...En 2010, la Chine utilisait la bourre de coco pour la confection de matelas, l'Inde et le Sri Lanka, les plus gros producteurs mondiaux de fibre de coco, n'arrivaient pas à honorer les commandes chinoises. Les variétés de type Nape fournissent les fibres les plus longues.

Conservation et diffusion

A l’heure actuelle, le Grand Polynésie Nape n’est conservé dans aucune collection. Cette variété est en voie de disparition. Il en existe probablement moins d’un millier de cocotiers en Polynésie française, disséminés dans les plantations destinées à la production de coprah, et plus ou moins mélangés aux autres variétés. Dans les champs des agriculteurs, Il n’existe pas à notre connaissance de plantation où sont regroupés plus de deux ou trois cocotiers de ce type. Des variétés voisines existent à Samoa, Tonga et Fidji.

Analyse des fruits des cocotiers de la collection d’Olomanu, dont le Grand Niu Afa, à Samoa en 2001. Cette collection est maintenant détruite et non remplacée (en 2021), le terrain ayant été récupéré par le gouvernement pour d’autres activités. © R. Bourdeix, 2021.


Origine et histoire

A Samoa, les variétés de cocotier ont été répertoriées par Christophersen en 1935. Ce dernier décrit son « spécimen n°3612 », sous le nom de Niu ’afa, comme : « fruits gros, longs et relativement étroits dont l'enveloppe est privilégiée pour la fabrication de corde ('afa). »

A Tonga, des cocotiers similaires appelés ‘Niu Kafa’, dont disséminés dans les cocoteraies et les villages des îles de Tongatapu et Vavau ; leurs fruits sont cependant plus petits qu’à Samoa. En 1963 à Fidji, McPaul a identifié 6 variétés locales dont l’une était « Niu Ni Magimagi », décrit comme un cocotier Grand produisant de gros fruits allongés avec une enveloppe épaisse. Nous avons observé et photographié toutes ces variétés qui, à l’exception de la couleur du fruit, semblent proches des Grand Nape de Polynésie française.

En 1978, Feu le botaniste Hugh Harries a développé en une théorie sur l'évolution et la dissémination du cocotier. Il a utilisé le nom « Niu Kafa » pour décrire un cocotier dit « sauvage »: l'évolution naturelle et la dissémination par flottage aurait produit une variété aux fruits gros, longs, anguleux, à coque épaisse et à germination lente ; la sélection humaine aurait produit une variété à fruits sphériques, pas nécessairement plus grande mais avec une amande plus lourde, une épaisseur de coque réduite, une germination plus précoce et une résistance à certaines maladies. Cependant, à notre avis, les énormes fruits actuellement connus sous le nom de "Niu Afa" à Samoa, Niu Kafa aux Tonga, Magimagi aux Fidji et Nape au Fenua ne sont pas des types sauvages mais bien des variétés créées par les insulaires pour l'utilisation de la bourre. Peut être qu’elles ont été sélectionnées à partir d’un type archaïque sauvage, mais cela reste à démontrer.

Comment l’identifier ?

Les cocotiers Nape produisent des fruits de grande taille, beaucoup plus longs que larges, et présentant une proportion importante de bourre. Les plus grands fruits atteignent 40 cm de long. La majorité des cocotiers Grand Nape produit des fruits de couleur brune. Les formes vertes sont beaucoup plus rares. A l’intérieur du fruit, les noix sont généralement de taille moyenne, d’une forme ronde ou légèrement ovale. Cependant certains cocotiers produisent des noix beaucoup plus allongées, pointues aux deux bouts (voir le fruit de droite sur la planche variétale). Il semble donc qu’il existe au moins deux types, qui pourraient correspondre à des variétés proches mais sélectionnée indépendamment. La forme aux noix pointues ressemble plus à celles que l’on rencontre ailleurs en Polynésie.

A Samoa, Tonga et au Fidji, les variétés similaires sont toujours de couleur verte, et présentent souvent un stipe (tronc) plus fin et moins rectiligne, avec un bulbe basal peu marqué. Les plus longs fruits atteignent 45 cm de long.

Production et rendement

Ces cocotiers sont essentiellement utilisés pour les longues et solides fibres de leur bourre. Ils sont parfois consommés comme noix à boire ou encore pour faire du lait de coco ou du coprah, mais il ne s’agit pas de leur finalité première. Les cocotiers Nape produisent généralement un nombre moyen de gros fruits, de l’ordre de 40 à 70 par an en moyenne selon les conditions. A Taha’ a, les fruits observés pesaient 2.5 kg avec une bourre d’environ 1.5 kg et une amande d’environ 500 g. A Anaa, les fruits étaient moins lourds, 2 à 2.2 kg. A Makemo, l’amande pesait 450 g.

A Moorea, Mme Hinano Murphy nous a parlé d'un artisan créateur de bijoux mêlant fibre de coco et perles noires, qui dit reconnaître des qualités différentes de fibres selon les cocotiers : la plupart des fibres présentent des barbes qui les rendent irrégulières, quelques rares cocotiers ont des fibres parfaitement lisses et de meilleure qualité.  Il semble donc qu'il existe des différences non seulement pour la longueur des fibres mais aussi pour leur qualité. Il serait intéressant de caractériser ces différences de fibres d’un point de vue variétal, technologique et scientifique; et bien sur de reproduire et sauvegarder ces cocotiers Nape à fibre lisse.

De gauche à droite : photographies de douze fruits des variétés Niu Ni Magimagi (Fidji), Niu afa (Samoa), Niu Kafa (Tonga). Ces images sont à comparer avec celle présentée sur la planche variétale du Grand Nape de Polynésie française. © R. Bourdeix, 2001 et 2005. 


Références

Bourdeix R., Tuia V., Fili M., Kumar V. 2002. Coconut varieties of "Niu Kafa" Cogent Newsletter, 5 p. 14-15.

Bourdeix R., P. Batugal, J.T. Oliver and M.L.C. George. 2010. Catalogue of Conserved Coconut Germplasm. Bioversity International, Serdang, Malaysia. 399 p. Disponible en ligne à l’adresse: http://www.cogentnetwork.org/index.php/conserved-germplasm-catalogue.

Christophersen, E. (1935). Flowering plants of Samoa. Honolulu: Bernice P. Bishop Museum.

Harries, H. C. (1978). The evolution, dissemination and classification of Cocos nucifera L. The botanical review, 44(3), 265-319.

McPaul, J. W. (1963). Coconut growing in Fiji (No. 38). Department of Agriculture, Fiji.




_____________________________

La plupart des variétés de cocotier peuvent être utilisés pour les fibres de la bourre, qui ont un très grand nombre d'utilisation: fabrication de cordes, de géo-textiles, de récipients écologiques bio-dégradables pour l'horticulture... La Chine utilise la bourre de Coco pour la confection de matelas: en 2010, l'Inde et le Sri Lanka, les plus gros producteurs mondiaux de fibre de coco, n'arrivaient pas à honorer les commandes considérables de fibres de coco réalisées par la Chine.


L'unique cocotier de type "Nape"
identifié sur l'île de Raiatea
(-16.852497, -151.479603)
Les Polynésiens ont développé des variétés spécialement conçues pour l'utilisation des fibres de la bourre. Les "champions" dans ce domaine sont les Samoan, avec leur célèbre variété Niu afa.
Ces cocotiers, connus en Polynésie Française sous les appelations Nape, Puru, ou Rau-‘aha regroupent plusieurs variétés polynésiennes spécialement sélectionnées pour faire des cordes avec les fibres de la bourre (enveloppe du fruit). Certaines de ces variétés présentent les plus grands fruits. De forme allongée, ils peuvent atteindre 45 centimètres de long. La bourre contient des fibres longues et résistantes.
Quelques cocotiers de ce type ont été retrouvés sur l'atoll de Tetiaroa mais leur fruits présentaient une couleur brune alors que tous les Niu Afa des Samoa sont verts. Tout ce que nous avons observé rn 2006 en Polynésie Française résultait d'un mélange variétal et d'une décomposition liée à la phase d'industrialisation de la culture du cocotier pour la production de coprah.
A Moorea, Mme Hinano Murphy nous a parlé d'un artisan créateur de bijoux mêlant fibre de coco et perles noires, qui dit reconnaître des qualités différentes de fibres selon les cocotiers : la plupart des fibres présentent des barbes qui les rendent irrégulières, quelques rares cocotiers ont des fibres parfaitement lisses et de meilleure qualité. 
Il semble donc qu'il existe des différences non seulement pour la longueur des fibres mais aussi pour leur qualité. Il serait intéressant de caractériser ces différences de fibres d’un point de vue variétal, technologique et scientifique; et bien sur reproduire et sauvegarder ces cocotiers à fibre lisse.
A Raitea, en Octobre 2019, M. William Tautu des Services de l'Agriculture nous a signalé l'existence d'un cocotier Nape qui venait d'être abattu moins de six mois auparavant. En fouillant au pied de cet arbre, nous avons pu retrouver plusieurs énormes semences germées qui seront replantées probablement au domaine Boubée, que le territoire vient d'acquérir derrière Uturoa. 
M. William Tautu a aussi signalé l'existence d'une plantation réalisée par son Grand père maternel Teamo Aiho avec du matériel sélectionné (noix à bourre fines). La plantation se situe sur l'île de Tahaa, district de Haamene, sur le coté droit de la baie lorsque l'on est à terre.

28. Le cocotier Grand de Tahiti

Par R. Bourdeix, 2019,

Conservation et diffusion

La Polynésie française est constituée de 118 îles et atolls. Il comprend cinq archipels: les îles Australes, les îles Marquises, les atolls des Tuamotu, les îles Mangareva et les îles de la Société. C'est dans le dernier groupe d'îles, à Tahiti, que cette variété a été récoltée.

Connue en anglais sous le nom de "Tahitian Tall" (TAT), cette variété à également été appelée «Grand de Polynésie n°1 »(GPY01).  Selon la base de données des ressources génétiques du cocotier, 11 accessions totalisant plus de 2 200 cocotiers sont conservées dans huit pays.

Origine et histoire

On trouve cette variété, qui servait et sert encore pour la copraculture, dans la plupart des Iles Sous le Vent. Dans les années 1960, elle a été introduite à plusieurs reprises en Côte d’Ivoire, dans la Collection Internationale de Cocotiers pour l’Afrique et l’Océan Indien. A partir ce pays, elle a été exportée au Brésil, en Indonésie, aux Philippines et en Tanzanie. Elle est aussi conservée dans les collections d’Inde, de Jamaïque et de Malaisie.

Comment l’identifier ?

Il s’agit d’une variété de grande taille, avec un stipe puissant démarrant par un bulbe basal souvent marqué. Elle produit de nombreuses feuilles plus longues que celles des variétés africaines, bien qu'elles aient le même nombre de folioles plus étroites. La forme et la couleur des fruits varient, mais moins que chez le Grand de Rangiroa. Les fruits se terminent parfois par un mamelon distal. Le poids moyen des fruits varie de 1 165 g aux Philippines à 1 291 g en Côte d’Ivoire. L’amande pèse en moyenne de 350 à 450g.

Production et rendement

Le Grand Tahiti résulte d’un mélange de diverses variétés traditionnelles qui s’est produit lors du boom du coprah, au dix-neuvième et début du vingtième siècle, lorsque la surface des cocoteraies du fenua a été décuplée. Il a surtout été utilisé pour la production de coprah. En 2021 à Tahiti il sert essentiellement à la production de miti hue et de noix à boire.

En Côte d’Ivoire, cette variété a fleuri 62 mois après la plantation et la produit 60 à 70 fruits par cocotier et par an, soit environ 640 kg de coprah par hectare de plus que le Grand Rangiroa. Les rendements sont meilleurs aux Philippines, avec 84 fruits par cocotier. Certains arbres produisent beaucoup plus, mais les cultivateurs ont tendance à ne voir que les bons arbres et à oublier les mauvais, alors qu’en fait c’est la moyenne qui compte.

Toutes les populations de Grand Tahiti n’ont pas la même valeur génétique ni le même niveau de productivité. Il semble que des sélections aient été menées au Fenua à partir des années 1960 par l’IRHO. La population plantée dans les anciens champs de comportement des îles sous le vent semble meilleure que la variété « tout venant » photographiée sur la planche variétale ; c’est cette population sélectionnée qui a été exportée en Côte d’Ivoire. Il semble donc important de retrouver ces champs de comportement avant qu’ils ne disparaissent complètement et de récupérer la variété la mieux sélectionnée. Sinon, le risque est de se retrouver avec un Grand de Tahiti moins performant au Fenua qu’en Afrique.

Cette variété a été utilisée dans plusieurs programmes d'amélioration génétique. Les croisements avec des Nains Malais rouges et jaunes ont donné de bons rendements, mais n'ont pas été distribués aux agriculteurs. Aux Philippines, les hybrides avec les Nains Vert Catigan et Rouge Malaisie sont actuellement recommandés sous les noms PCA 15/6 et PCA 15/7.



______________________

La Polynésie française est constituée de 118 îles et atolls disséminés sur plus de 4 millions de km² de l'océan Pacifique oriental. Il comprend cinq archipels: les îles Australes, les îles Marquises, les atolls des Tuamotu, les îles Mangareva et les îles de la Société. C'est dans le dernier groupe d'îles, à Tahiti, que cette variété a été récoltée.
Connue en anglais sous le nom de "Tahitian Tall" (TAT), cette variété à également été appelée «Grand de Polynésie n°1"(GPY01).  Selon la base de données des ressources génétiques du cocotier, 11 accessions totalisant plus de 2 200 cocotiers sont conservées dans huit pays. Cette variété été introduite en Côte d’Ivoire à plusieurs reprises dans les années 60; à partie de ce pays, elle a été exportée au Brésil, en Indonésie, aux Philippines et en Tanzanie. Il est également présent en Inde, en Jamaïque et en Malaisie.
Grand Tahiti photographié
en Côte d'Ivoire, Afrique de l'Ouest
Planté dans de bonnes conditions, le Grand Tahiti devient un cocotier de grande taille. Il produit de nombreuses feuilles plus longues que celles des variétés africaines, bien qu'elles aient le même nombre de folioles plus étroites.
La forme et la couleur des fruits varient et ont parfois un mamelon distal. Leur poids varie de 1165 g aux Philippines à 1291 g en Côte d’Ivoire. La noix ia également une forme variable.
En Côte d’Ivoire, cette variété a fleuri 62 mois après la plantation et la produit 60 à 70 fruits par cocotier et par an. Les rendements sont meilleurs aux Philippines, avec 84 fruits par cocotier.
Cette variété a été utilisée dans plusieurs programmes d'amélioration génétique. En Côte d’Ivoire, elle a été croisée avec 16 autres variétés, dont 8 Nains et autant de Grands. Les croisements avec des Nains Malais rouges et jaunes ont donné de bons rendements, mais n'ont pas été distribués aux agriculteurs. Aux Philippines, les hybrides avec les Nains Vert Catigan et Rouge Malaisie sont actuellement recommandés sous les noms PCA 15/6 et PCA 15/7.

25. Grand Polynésie à noix cornues (horned coconut)

Par R. Bourdeix, Jean Kape et Dominique Petras, 2012 et 2019

Conservation et diffusion

Les cocotiers à cornes constituent une rare curiosité botanique. En Polynésie française, on en trouve parfois un à deux exemplaires par atoll ou île, notamment à Bora Bora, Fakahina, Taha’a, Tatakoto et Tetiaroa. Ces curiosités se rencontrent aussi dans d’autres pays, notamment le Sri Lanka et l’Inde. Des cocotiers à corne originaires des îles Andamans ont récemment été plantés dans la Collection Internationale pour l’Asie du Sud-Est, à Kidu dans l’état du Karnataka. La photo de l’inflorescence présentée dans la planche ci-contre a d’ailleurs été prise en Inde par le Dr B.A. Jerard ; les cocotiers observés en Polynésie française étaient trop âgés et hauts pour réaliser une photographie similaire. Toutes les autres photographies de la planche ont été réalisées au Fenua. Celle de la photographie ovale provient du livre publiés par l’association culturelle Te Reo o te Tuamotu.

Origine et histoire

Il semble que la première description de cocotiers dit "à corne" date de 1924 et a été réalisée au Sri Lanka (Petch, 1924). En 1965, le Pr T.S. Davis a indiqué que cette caractéristique se retrouvait parfois chez d’autres espèces de palmier et a proposé quatre théories botaniques et mécanismes qui pourraient provoquer l’apparition des cornes.

Comment l’identifier ?

Les diverses photographies de noix de cocotiers dits "à corne" que nous avons pu trouver ou réaliser par nous-même montrent des morphologies diverses. Il n'existe pas un seul type de cocotier à corne, mais plusieurs types qui se distinguent par des cornes plus ou moins longues, plus ou moins épaisses ou plus ou moins courbées. Par ailleurs, certains fruits produits par des cocotiers dits « à cornes » n’ont parfois pas de cornes, et tous n’ont pas le même nombre de cornes. Le nombre de cornes varie généralement de zéro à trois par fruit. Certains cultivateurs des Tuamotus ont évoqué des noix à quatre cornes, mais nous n’avons jamais pu les observer. En revanche la disposition des « trois yeux » des noix n’a rien de particulier et se rapproche de celle des variétés de cocotier Grands les plus communes.

Production et rendement

Les cocotiers à cornes sont généralement assez peu productifs, de l’ordre de 30 à 60 fruits par an. La taille des fruits et des noix est variable selon les individus, avec une quantité d’amande d’environ 200 à 400 g par fruit, les amandes les plus légères ayant été observés à Taha’a et Bora Bora.

Références

Association culturelle Te Reo o te Tuamotu.(2005). Le cocotier aux Tuamotu. Editions Haere Po, Tahiti, 198 p.

Petch, T. (1924) A horned coconut. Yearbook DoA, Ceylon pp 20-21.

Davis, T. S. (1965). Addition to the theories on the morphology of horns in coconut fruits.

Jerard, B. A., Niral, V., Dhanapal, R., Damodaran, V., Arunachalam, V., Rajesh, M. K., ... & Thomas, G. V. (2014). IND 221–Andaman Horned Cocos (IC0598221; INGR13063), a Coconut (Cocos nucifera) Germplasm with Distinct Character of Horny Nuts. Indian Journal of Plant Genetic Resources, 27(1), 76-77.



__________________________

Il semble que la première description de cocotiers dit "à corne" date de 1924 et a été réalisée au Sri Lanka (Petch, 1924). Nous n'avons pas pu obtenir cet article pour l'instant.
Les diverses photographies de noix de cocotiers dits "à corne" que nous avons pu trouver ou réaliser par nous-même montrent des morphologies très diverses. Il n'existe donc pas un seul type de cocotier à corne, mais plusieurs types qui se distinguent par des cornes plus ou moins longues, plus ou moins épaisses et plus ou moins courbées.



Le cocotier à corne photographié par Jean Kape



Cocotier à corne de l'atoll de Tetiaroa, donné à R. Bourdeix
par Teihotu Brando en 2006

Cocotier à corne "Cabri"de Bora Bora
appartenant à Mme Dominique Petras 


12. Nains Compacts Verts à folioles soudées (plicata)

Cocotier Grand Plicata observé à Fidji
Par R. Bourdeix, F. Butaud et J. Kapé, 2019.  En construction.

Chez le cocotier, la présence de folioles soudées résulte d'une mutation assez rare, qui a d'abord été observée dans des populations de cocotiers de type Grand; on la retrouve cependant parmi les cocotiers Nains Compacts Verts présents en Polynésie Française, et parmi des Nains Compact Rouges à Kiribati. 
Cette mutation a été dénommée "plicata" par les botanistes. En général les cocotiers plicata de type grand ont une faible productivité. En revanche, certains cocotiers nains observés en Polynésie française semblait se comporter de meilleure façon. Les cocotiers nains plicata de Polynésie Française n'ont jamais fait l'objet d'une caractérisation scientifique; il faudrait organiser leur conservation et leur description, en particulier pour la composition des fruits et la croissance en hauteur. Aucun programme de recherche ni de conservation n'est pour l'instant prévu en Polynésie Française, ou il n'existe plus de collection nationale de variétés de cocotier.
Dans les années 1980, le cocotier Niu Leka des Fidji a été importé en Inde dans la collection internationales des îles Andaman. Sur les 71 cocotiers Niu Leka introduits,  l'en d'entre eux présentait un haut degré de folioles soudées. Les chercheurs indiens ont noté que ce cocotier avait mis longtemps à fleurir (13 ans).

Nain Plicata, Tahiti vers le PK 20
En Polynésie, les cocotiers aux folioles soudées portent parfois une connotation sacrée. Des légendes leur sont associées, comme par exemple aux îles Samoa et aux Fidji. Leur esthétique agréable se distingue bien de l'aspect des autres cocotiers. Ces cocotiers pourraient être bien valorisés dans le domaine du paysagisme.
En Polynésie Française, nous avons identifié en 2006 un premier individu sur la route côtière de Tahiti, à l'ouest de Papeete.
Jean François Butaud a aussi signalé en 2011 un nain vert de ce type  peu après le jardin botanique du coté de la montagne (voir photo). Jean Kape dit aussi avoir vu ce type de cocotier à Reao au Tuamotu.
En 2010, non loin du port de Tahiti, nous avons découvert une école dont la cour est plantée d'une dizaine de cocotiers aux folioles plus ou moins soudées. Manifestement, les semences qui ont servi à constituer ces cocotiers ont été prélevées sur un cocotier de type nain vert compact à folioles soudées. Mais ces cocotiers sse croisent librement avec les cocotiers voisins; on retrouve donc dans la cour de l'école un mélange assez peu esthétique comprenant des cocotiers plus ou moins grands et aux folioles plus ou moins soudées.

Tahiti, cocotier photographié par J.F. Butaud

Ceci illustre bien les difficultés actuelles de conservation et de production des semences de cocotier en Polynésie Française. Pour avoir une variété bien homogène, il faudrait planter quelque part ensemble un trentaine de nains verts aux folioles soudées, dans des conditions d'isolation géographique et reproductive. Ceci consisterait à planter un petit motu ou un fond de vallée uniquement avec ce type de cocotier. Ainsi on pourrait fournir au Polynésiens des semences certifiées de cette variété.
Nous recherchons donc un partenaire polynésien intéressé par constituer une population de Nains verts plicata pour préserver, diffuser et valoriser les semences certifiées de cette variété, qui a un intérêt commercial pour la plantation dans les jardins et les lieux public. A noter que pour ces derniers, le fait que la variété produise peu de noix est plutôt un avantage, ceci limitant les risques d'accidents liés aux chute de fruits.

Pour en savoir plus
Genet. Resour. Crop Evol., 2005, 52, 1031–1037.
Arunachalam, V., Jerard, B. A., Damodaran, V., Ratnambal, M. J. and Kumaran, P. M., Phenotypic diversity of foliar traits in coconut germplasm.

36. Les cocotiers médicinaux dits "oviri" ou "ereere"

Par R. Bourdeix et H Montaron, 2016

En Polynésie, les utilisations du cocotier dans la médecine traditionnelle sont nombreuses, soit en tant que principe actif, soit en tant qu'ingrédient. L'huile, le lait ou l'eau de coco sont alors mélangés à d'autres substances actives.
Pour le cocotier, ces variétés principalement utilisées en médecine traditionnelles sont nommées oviri (sauvage) ou ereere (noir).
Nous avons tout d'abord recherché des informations dans la littérature ancienne. La première description des variétés est sans doute celle du livre « Tahiti au temps anciens » de Teuira Henry, publié en 1848. Ce livre cite 16 types de cocotiers, dont celui nommé oviri, qui se caractérise par un pédoncule (attache du régime) et rachis (nervure principale de la feuille) de couleur vert foncé, et des noix vertes. En 1860 le pharmacien Gilbert Cuzent décrit la variété oviri comme produisant des "fruits noirâtres" mais  n'indique pas de propriétés médicinales. D'autres inventaires des variétés de cocotier ont été réalisés par C. Henry en 1920, par F. B. H Brown en 1931 (pour les Marquises seulement) par R. Millaud en 1954 et par P. Pétard en 1972. C. Henry ne parle pas du cocotier médicinal; Brown se contente de citer une cinquantaine de noms de variétés marquisiennes, sans préciser pour la plupart en quoi elles diffèrent et sans parler de cocotier médicinal. Décrivant le cocotier oviri, Millaud et Pétard parlent simplement de cocotiers à fruits verts; Millaud décrit essentiellement les cocotiers dans les plantations réalisées pour le coprah, là ou les variétés traditionnelles sont mélangées depuis bien longtemps. Paul Pétard écrit que, pour la médecine, c'est presque toujours la variété oviri ou ereere qui est choisie, mais que parfois on utilise aussi des variétés ura ou uteute.

Après avoir consulté la littérature, nous avons voulu observer ces fameux cocotiers médicinaux. Nous avons parcouru de nombreuses iles, certaines en Polynésie Française, d'autres à Tonga, Samoa et Cook. Le résultat de cette enquête a été surprenant. Des anciens et certaines femmes nous ont décrit oviri comme un cocotier produisant de petites noix  d'une couleur verte très sombre, tirant presque sur le gris. En revanche, en Polynésie Française, nous avons constaté que la plupart des gens dénomment actuellement "oviri" n'importe quel cocotier à noix vertes. Lorsque nous avons demandé à voir ces variétés, il nous a été présenté des cocotiers d'une couleur verte moyennement soutenue, et présentant des fruits très variés selon les arbres, fruits ronds, pointus ou ovales, en fait presque toutes les formes existant dans la cocoteraie.
Certains habitants du Fenua ont même affirmé que l'on peut se soigner tout aussi efficacement avec les noix de n'importe quelle variété de cocotier, à condition de descendre manuellement ces noix des arbres sans jamais les jeter à terre. Il est clair qu'en Polynésie, la façon dont on récolte les plantes revêt une grande importance. Mais cela signifie t-il pour autant que toute les variétés de cocotier sont interchangeables?

Alors, cocotiers médicinaux: mythe ou réalité ?

Cocotier médicinal observé à Tonga en 2002
Il se trouve que nous avons aussi étudié ces cocotiers à Tonga. Dans l'île de Tongatapu, nous avons eu la chance d'observer et de photographier le Niu Matakula  un cocotier médicinal très particulier dont certaines caractéristiques correspondent à celles décrites dans les anciens livres. Les photographies de ce cocotier sont reproduites ci-contre. Les noix sont petites, ovales, d'un sombre vert grisâtre très particulier; une partie de l'enveloppe de la noix (bourre) est rouge à l'intérieur. Ce cocotier se féconde parfois lui même ce qui explique qu'il puisse se maintenir en partie, sans se mélanger complètement aux autres variétés.

La tradition polynésienne mentionne un cocotier médicinal qui serait en partie à l’origine du nom de l’île de Niue. Cette île se situe à 2 400 km au nord-est de la Nouvelle-Zélande, au centre d'un triangle formé par les îles Tonga, Samoa et Cook. L’île de Niue a porté successivement plusieurs noms. La tradition mentionne que l'île a été rebaptisée après que le fils d’un chef et sa cour se soient rendus au Samoa à Manu'a, la patrie de leurs ancêtres (voir le livre Haia ! publié en 2010). Là, ils ont été accueillis comme des parents et ils se sont divertis. Lorsqu’ils ont décidé de partir pour Nukututaha, le chef de Manu'a, Moa, leur a donné deux variétés de cocotier spéciales et leur a expliqué les caractéristiques de chacune de ces variétés. À l'arrivée à Nukututaha, le fils du chef a présenté ces noix de coco spéciales et a déclaré: "Ko e Niu è!" (Voici, les noix de coco!). Les semences ont été plantées. La première variété est le pulu niu, la spécialement adaptée à la fabrication de cordes utilisées dans la construction de bâtiments traditionnels et la fabrication des bateaux. L’autre variété serait un cocotier médécinal appelé Niu Tea. L’eau de cette variété, la bourre, les feuilles sont utilisés pour divers usages médicinaux ainsi que pour la boisson et la nourriture. Selon la tradition, l’île aurait été nommée Niue pour marquer l’arrivée de ces deux variétés de cocotier et honorer le souvenir du chef de Manu’a.
Les recherches que nous avons menées au Samoa ne nous ont pas permis d’y retrouver le cocotier appelé dans l’ancien temps Niu Tea. En fait, les chercheurs Samoan pensaient que ce nom désignait un cocotier Nain Rouge importé très récemment de Malaisie ! Même au Samoa, certaines traditions se perdent...

Nous pensons donc qu'il existait dans le passé, au moins une sinon plusieurs variétés de cocotiers médicinaux.  Nous ignorons si ces variétés produisent réellement des molécules spécifiques responsables d'un effet curatif. En revanche, il existait un savoir traditionnel concernant les cocotiers médicinaux;  ce savoir traditionnel s'est progressivement dilué et a été en grande partie perdu. Quelques personnes en Polynésie Française connaissent sans doute encore de vrais cocotiers médicinaux, mais nous n'avons pas encore eu le privilège de les rencontrer.
Découpe de noix pour les photographies

Il est légitime de se demander pourquoi les polynésiens appellent « sauvages » (oviri) certains cocotiers médicinaux. Une hypothèse est que cette variété existait sur des îles, voire même sur une île précise, avant que les Polynésiens viennent s’y installer avec leurs autres variétés de cocotier. Cette hypothèse est difficile a confirmer. Des éléments de réponses sortiront peut-être de l'analyse de l’ADN des cocotiers et de l’étude des traditions orales.
Dans les plantations et les villages, les cocotiers se fécondent librement. Leur pollen voyage avec le vent et les insectes. Si un cocotier oviri est planté à proximité d'autres variétés, ces cocotiers se croisent  naturellement. Ainsi, les variétés se diluent progressivement. Certaines finissent par disparaître. En revanche, si un site isolé est planté uniquement de cocotiers oviri, ceux-ci se féconderont entre eux. Toutes les semences récoltées à cet endroit redonneront des cocotiers oviri.

Que faut-il faire pour sauvegarder les cocotiers médicinaux et les remettre à la disposition de la population du Fenua ?

Il s'agit d'un long processus. Il faudra tout d'abord enquêter auprès des anciens polynésiens, dans les îles les moins touchées par la modernité, afin de retrouver au moins une vingtaine de "vrais" cocotiers médicinaux.  De l'observation de ces cocotiers, on déduira s'il faut considérer une ou plutôt deux variétés de cocotiers médicinaux.
S'il existe une seule variété de cocotier médicinal, il faudra récolter environ deux cent semences et les planter toutes dans un même site, choisi avec soin pour son isolement. Il faut qu'il n'y ait pas d'autre cocotier dans un rayon de 500 mètres autour de ce site. Ce site peut être un petit motu, une presqu'ile, ou une parcelle d'un hectare isolée dans une forêt ou dans une plantation d'autres espèces.
Les cocotiers vont mettre 6 à 8 ans avant de commencer à produire des fruits. Lorsque tous les cocotiers seront en production, il faudra les observer et éliminer ceux qui ne ressemblent pas à des cocotiers médicinaux. Tous les fils ne ressemblent pas à leur père. Il faudra probablement couper la moitié des cocotiers plantés pour ne garder que les "vrais" cocotiers médicinaux.
A partir de ce moment, la Polynésie Française disposera d'une source certifiée de semences de cocotiers médicinaux. Cette source de semences sera utile à bien des égards.  Elle permettra aux habitants du Fenua d'avoir des cocotiers médicinaux dans leurs jardins et de se soigner avec si nécessaire. Des agriculteurs ou des industriels pourront réaliser des plantations de cocotiers médicinaux et en tirer bénéfice. Le respect des traditions peut aller de pair avec la compétitivité économique. Ainsi un Monoï confectionné avec de l'huile de cocotier médicinal, selon les anciennes traditions polynésiennes, aurait un très grand succès d'un point de vue commercial.
Avant d'en arriver à cette rentabilité économique , il faudra une dizaine d'années pour constituer la source de semences, et encore une dizaine d'années pour que les agriculteurs installent les premières plantations de cocotiers médicinaux. Or il est très difficile de trouver des financements pour des projets s'étalant sur 20 ans. La plupart des bailleurs internationaux et des ministères veulent des projets qui se terminent en 4 à 5 ans. Dans le monde actuel, la tendance est de rechercher un bénéfice immédiat et rapide. Personne, ou presque personne, ne veut agir plus pour ses enfants. Et peut-être que les ancêtres polynésiens se retournent dans leur tombes en se demandant ce que sont devenus leurs précieux cocotiers médicinaux...

Ces sujets, ainsi que de nombreuses autres histoires de cocotier, seront discutés au cours de deux conférences publiques qui se tiendront le 12 Avril 2011 à 13 h à la bibliothèque du CRIOBE de Moorea, et le 13 Avril 2011 à 16h30 à l’Amphithéatre de la Chambre de Commerce à Papeete. Ces conférences sont réalisées sous l’égide du Pôle D'innovation Tahiti Fa'ahotu et du Criobe. Pour la conférence de Tahiti, une pré-inscription est requise en téléphonant au 47.27.28 ou envoyant un message électronique à l’une des adresses suivantes : daniel.r@ccism.pf ou hgueguen@tahitifaahotu.pf

Références

2010. Haia ! An Introduction to Vagahau Niue. Teacher’s guide and support materials learning languages serie. Published for the Ministry of Education by CWA New Media, Box 19090, Wellington 6149, New Zealand. ISBN 978 0 478 34123 2. 385 p.
1931. Brown FBH. Flora of southeastern Polynesia. Bishop Museum Bull 84. Honolulu. 121-127.

Autres informations:

Paul Pétard indique que "pour les diverses fumigations destinées aux parties du corps, les anciens marquisiens choisissaient deux longues noix de la variété ehi vevetahi. Dans chacune ils enlevaient le tiers supérieur, contenant les yeux, de façon qu'en disposant les deux noix l'une sur l'autre, les orifices s'ajustassent exactement..."

Extrait trouvé sur Gallica, très ancien :


« Enfin, parmi les coccidées, l'Aspidiotus vastatrix et le  Dactylopius cocotis s'attaquent aux jeunes feuilles, qu'ils  épuisent et font tomber. Il est difficile ici de recommander  les insecticides ordinaires, jus de tabac, bouillie bordelaise,  émulsion de pétrole, etc., car il s'agit de vastes plantations  d'arbres qui ont de 15 à 20 mètres de hauteur. Le seul procédé pratique est donc, peut-être, de détruire par le feu les  arbres fortement infestés. On dit que, à Tahiti, où l'Aspidiotus vastatrix a fait, il y a quelques années, de grands  dégâts, il y a une variété de cocotier (dite oviri) qui résiste  un peu mieux que les autres. »


Avancées récentes du projet Polymotu

Le concept Polymotu consiste à utiliser l’isolement géographique de certains sites privilégiés pour conserver et reproduire des variétés de plantes et d’arbres, voire des espèces animales. Au cours des années 2010 et 2011, le concept Polymotu s'est developpé et enrichi. Ces évolutions récentes, qui ouvrent de nouvelles perspectives, se déclinent en quatre principaux points :
1) La possibilité de planter plusieurs variétés de cocotier sur un seul site de conservation. Des semences de ces variétés et leurs hybrides peuvent être produites sur le même site par pollinisation naturelle. La distinction entre semences s’opère en pépinière grâce à des marqueurs phénotypiques comme la couleur du germe. Ceci révolutionne la politique de production de semences. Par exemple en Polynésie Française un seul hybride, d’ailleurs mal accepté, est vulgarisé. L’implémentation de Polymotu permettra la production délocalisée d’une vingtaine d’hybrides en sus des variétés conservées. L’appropriation de ces hybrides par les communautés locales sera facilitée par le voisinage des sites de conservation.
2) Le projet focalise moins sur les îles et s’intègre dans une politique de gestion multifonctionnelle du territoire. Les différents acteurs, tant publics que privés, plantent des cocotiers en permanence ; ces plantations peuvent être orientées afin de mieux prendre en compte la diversité de l’espèce et les critères d’isolation requis pour la conservation. Des sites de conservation très divers sont envisageables : ilots publics ou privés, mais aussi parcs publics et monuments, jardins d’hôtels ou de lieux publics, golfs, plantations d’autres cultures pérennes, fonds de petites vallées. Même certains petits villages dans leur globalité peuvent server de site de conservation si les habitants s’accordent à ne planter qu’un portefeuille variétal précis.
3) Le projet prévoit d’intégrer la diversité variétale dans le tissu culturel. Par exemple, en Polynésie Française, les grandes fêtes incluent déjà des aspects liés aux cocotiers comme des concours de grimper, des concours de vitesse de décoquage. En revanche ces manifestations ne prennent pas en compte la diversité variétale de l’espèce. Nous proposons d’inclure des concours variétaux (par exemple : prix de la plus grosse noix, prix du meilleur Kaipoa vert, prix du meilleur cocotier médicinal). Ces concours, dotés de prix, permettront de diffuser les savoirs et d’obtenir certaines des semences nécessaires pour la plantation des sites de conservation.
4) Pour des raisons économiques et techniques, le concept de Polymotu monte en puissance dans la stratégie globale de conservation du cocotier définie au niveau mondial par le Réseau International COGENT des ressources génétiques du cocotier. Le principal facteur limitant de la conservation réside de la lourdeur et le cout prohibitif des fécondations contrôlées. De nombreux pays n’ont pas les moyens de maintenir le laboratoire et le personnel nécessaires à la réalisation de ces fécondations. C’est par exemple le cas à Fidji, Samoa, Tonga, au Vietnam, etc. Pour les grandes collections internationales, les Philippines ont récemment dupliqués des accessions en pollinisation libre selon des conditions d’isolation à mon avis douteuses voire inexistantes. L’Indonésie fait de même. Le Brésil s’apprête à en faire autant, recourant d’ailleurs à du matériel conservé par une société privée plutôt qu’aux accessions déjà disponibles dans la collection étatique.
Dans les collections classiques, la durée de vie des accessions, à l'exception des variétés naines, se limite à 25 à 30 ans. A cet âge, la plupart des cocotiers atteignent 15 m de haut ou plus. Les accessions doivent être renouvelées avant que les inflorescences ne deviennent inaccessibles[1]. Le renouvellement d’une accession nécessite d’escalader environ 75 cocotier, chacun environ 15 à 20 fois[2]. La production des 200 semences nécessaires à la duplication d'une accession demande un an et demi et coûte plus de 2000 USD. Seuls les scientifiques disposant de budgets conséquents peuvent acquérir des semences dans les collections classiques. Les agriculteurs n'en ont pas les moyens.
Alternativement, les cocotiers peuvent être plantés en isolement géographique et reproductif. Les contraintes liées à la hauteur et l'âge des palmiers sont alors supprimées. Les accessions peuvent alors être conservées 75 à 100 ans. Au lieu de monter les cocotiers, les noix tombées naturellement au sol fournissent des des semences certifiées et bon marché. Les cocotiers morts peuvent être remplacés sans qu’il soit nécessaire d’abattre ceux qui restent, comme cela se produit dans les collections classiques. Le triplement de la durée de vie des accessions représente une économie considérable de temps, de main-d’œuvre et d'argent. Les semences deviennent abordables pour les agriculteurs.
En Polynésie, divers partenaires privés et public ont exprimé leur intérêt pour mettre en place des unités de conservation et de production de semences : l’association Tetiaroa conservation, le Lycée agricole de Moorea, le Jardin Botanique de Tahiti, le Service du Développement Rural de Tahaa, le Sinalei Resort à Samoa…Il reste maintenant à trouver le cadre formel pour mettre en œuvre un projet global.


[1] En fait de nombreuses accessions conservées dans de nombreux pays ont déjà dépassé une hauteur de 15 mètres dans avoir été renouvelées, ce qui pose des problèmes sérieux.
[2] En Côte d'Ivoire, les techniciens utilisent de coûteuses échelles triples qui atteignent une hauteur de 14 mètres. Dans d’autres pays, comme l'Inde ou l'Indonésie, les palmiers sont montés surtout manuellement, ce qui est risqué. Pour reproduire une accession, les pollinisations contrôlées sont mises en œuvre sur une période de 6 mois; les semences matures sont récoltés un an plus tard, également sur une période de 6 mois. L’ancienne accession est alors abattue et remplacée par la nouvelle..

Les cocotiers Nains Compacts Rouges


Le nain rouge compact est une variété extrêmement rare.
Pour l'instant seulement trois ou peut être quatre pieds de cette variété ont été recensés en Polynésie Française. Cette variété aura pourtant une importance considérable dans le futur. En effet, cette variété conjugue un régime de production allogame (voir ci dessous) avec l'existence de marqueurs de couleur qui facilitent grandement la production d'hybrides.



















Nous avons identifié seulement deux pieds à Moorea, qui seraient originaires d'un cocotier de Raiatea que nous n'avons pas encore pu observer. L'information nous a été fournie par Mme Maria Tautu, à Moorea, non loin du port. Il existe aussi un cocotier similaire à Bora Bora qui nous a été signalé par Mme Dominique Petras. Selon ses propriétaires, il proviendrait d'un cocotier planté à Tahiti, introduit des îles Cook dans les années 1980, et qui a été détruit depuis.

L'aspect du stipe et des feuilles est similaire à celui des nains compacts verts et bruns, plus communs. En revanche, les fruits sont ronds et gros, d'une éclatante couleur rouge-orangée; lorsque l'on ouvre un jeune fruit, l'intérieur de la bourre (enveloppe de la noix) présente une couleur rose soutenue.


Il est facile de faire la différence avec les autres variétés de nains rouges presentes en Polynésie Française. Comparé au Haari Papua et au Nain Rouge Malaisie, les fruits sont beaucoup plus gros et ronds et le stipe plus épais. En outre le Nain Rouge Malaisie, d'ailleurs rare au Fenua, ne possède pas la couleur rose interne des jeunes fruits.

L'allogamie signifie que cette variété se croise préférentiellement avec les cocotiers qui l'entourent, à l'opposé de l'autogamie qui signifie que le cocotier se féconde lui même, comme c'est le cas par exemple du Nain Rouge de Malaisie ou des nains Haari Papua.

Nain Rouge de Bora Bora


Cette variété devrait réduire le coût de la production de semences hybrides. En effet, on peut planter en mélange des nains rouges compacts et une autre variété de cocotier de couleur verte (nain ou grand). Alors les semences récoltées qui, lors de la germination, présenteront un germe de couleur brune seront des hybrides naturels entre le nain rouge compact et la variété verte.

Lors de missions conduite en 2012 à Fidji, nous avons observé un grand nombre de cocotier de ce type, avec des formes et des couleurs de fruits très variables, ce qui indique que plusieurs variétés de ce type existent.