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Le manuel de gestion et de mitigation des risques pour la filière cocotier dans le Pacifique

Par R. Bourdeix, 2019

Ce manuel sera publié au début de l'année 2020. Comme pour la Stratégie globale du réseau COGENT, Nous avons basé l'élaboration de ce manuel sur une approche participative particulière destinée à impliquer le plus possible les participants. A chaque fois que cela était possible, chaque section du document a été écrite, améliorée et signée par trois à cinq contributeurs provenant d'organisations différentes, de différents secteurs de la filière cocotier, de différents pays ou même de différents continents. En bref il s'agissait de réunir le maximum de diversité  tout en aboutissant à des consensus sur des textes communs. Un premier jet du texte était parfois fourni aux contributeurs qui l’amélioraient. De nombreux contributeurs ont eux même rédigé tous le texte de leur section. Dans tous les cas, les signataires ont approuvé la version finale avant publication. Ainsi, le manuel rassemble 53 contributeurs de 27 pays et territoires, comme suit:

1
Australie
10
Allemagne
19
Papouasie Nouvelle Guinée
2
Belgique
11
Hawai’i
20
Marshall Island
3
Brésil
12
Indonésie
21
Samoa
4
Chine
13
Kiribati
22
Solomons
5
Cook Islands
14
Micronésie FSM
23
Sri Lanka
6
Côte d’Ivoire
15
Nauru
24
Timor leste
7
Fidji
16
Nouvelle Zélande
25
Tonga
8
France
17
Niue
26
Tuvalu
9
Polynésie Française
18
Palau
27
Vanuatu

Ce processus de création a généré 268 interactions uniques entre les 53 contributeurs (en tenant compte du fait que les quatre éditeurs sont connectés à tous les contributeurs). Ce concept "interaction unique" signifie que deux auteurs ont signé ensemble une section du livre, et cela s'est produit 268 fois dans le manuel. Une liste complète des références, section par section, sera finalisée et mise en ligne après l’impression du manuel.



Le manuel décrit quarante risques.
Chaque description suit le même modèle "DOMAT" et rassemble les informations suivantes:

• La catégorie de risque: par exemple «Aléas et changements climatiques»
• Le nom du risque: par exemple  «cyclones, tempêtes tropicales et tsunamis»
• Les contributeurs: par R. Bourdeix, T. Sileye, U. Remudu et O. Smus
D: description
O: occurrence et gravité
M: mitigation (atténuation) et adaptation
A: actions à entreprendre
T: pour en savoir plus

Le tableau ci-dessous liste les quarante risques décrits dans le manuel

Catégories et risques décrits dans le manuel

Risque
Ni-
veau
Gra-
vité
A
Aléas et changements climatiques
1
Cyclones, tempêtes tropicales et tsunamis
1
1
2
Sécheresse
2
2
3
Dégradation des terres par les inondations ou les marées
2
1
4
Changement de température (chaleur et froid) et autres risques climatiques
3
3
B
Ravageurs et maladies
5
Propagation de phytoplasmes (jaunissement mortel)
3
1
6
Propagation de maladies virales (dépérissement foliaire au Vanuatu et Tinangaja à Guam
3
2
7
Propagation de coléoptère Oryctes rhinocéros
1
1
8
Propagation d'acariens (Aceria guerreronis)
3
2
9
Propagation d'autres ravageurs (animaux plus gros)
3
3
10
Transmission de parasites et de maladies par des pépinières publiques ou privées
1
1
11
Transmission internationale de parasites et de maladies
2
1
C
Matériel de plantation
12
Manque de matériel de plantation de qualité et diversifié
1
1
13
Méthode inefficace pour sélectionner les géniteurs dans les plantations
2
2
14
Disparition des variétés traditionnelles
1
2
15
Indisponibilité de matériel végétal certifié organique
3
3
D
Pratiques agricoles
16
Utilisation de techniques agricoles médiocres ou inappropriées
2
2
17
Perte de connaissances et de pratiques agricoles traditionnelles
2
2
18
Peu de connaissances sur les plantes de couverture et indisponibilité de leur semences et de boutures
2
1
19
Pas d'utilisation, pénurie ou coût trop élevé des engrais organiques
2
3
20
Manque de main-d'œuvre agricole
1
2
E
Risques liés à des problèmes d'organisation et de politique agricoles
21
Manque d’investissement privé dans la recherche, la replantation et la valorisation
2
1
22
Modification de la réglementation internationale concernant la qualité de la noix de coco pour l'export
3
2
23
Projets de replantation ne bénéficiant pas aux personnes ciblées
1
1
24
Dysfonctionnement dans les organisations paysannes
2
3
25
Abandon de la culture du cocotier pour remplacement par d’autres cultures ou d’autres formes d'utilisation des terres
1
1
26
Prise de décision avec des informations incomplètes, obsolètes ou erronées
1
1
F
Post-récolte et transformation
27
Récolte tardive et manipulations post-récolte causant des produits de mauvaise qualité
3
2
28
Contamination des produits par les aflatoxines, les bactéries et les produits chimiques
2
2
29
Manque d'appétibilité et de praticité des produits à base de noix de coco
3
2
G
Économie et marketing
30
Fluctuation du prix d'achat des produits du cocotier
1
1
31
Difficulté d'obtenir des prêts pour démarrer ou améliorer une entreprise
2
2
32
Manquer l'activité la plus rentable: l'eau de coco aromatique
2
1
33
Coût inabordable pour la Certification Biologique et Fairtrade
2
3
34
Difficulté d'accès au marché des fermes et îles éloignées
2
3
35
Apport insuffisant, irrégulier ou saisonnier de noix de coco aux usines
3
3
H
Habitudes socio-culturelles
36
Croyances inappropriées concernant la noix de coco et le cocotier
1
2
37
Manque d'informations adaptées et fiables sur l'agriculture et la technologie
2
2
38
Occidentalisation des habitudes alimentaires dans la région du Pacifique
2
2
39
Marginalisation causée par l'adoption d'innovations agricoles
3
2
40
La forte demande des consommateurs pour les produits du cocotier pourrait diminuer et disparaître
3
3



Participants à l'atelier de Nadi, Fidji, en Décembre 2018
pour la formation à la gestion des risques et la conception du manuel

Comprendre la biologie de la reproduction du cocotier

Par R. Bourdeix, 2019.

Du point de vue du botaniste, les cocotiers sont tous bisexuels (en même temps femelle et mâles). Ils produisent des inflorescences tout au long de l'année. Chaque inflorescence contient à la fois des fleurs femelles et des fleurs mâles.


La plupart des cocotiers peuvent s'auto féconder, mais les taux d'autofécondation sont très variables selon les variétés et selon les saisons. La plupart des types nains se reproduisent par autofécondation, à l'exception de certain Nain Compacts. Chez les types Grands, au sein d'une inflorescence, la totalité ou la plupart des fleurs mâles mûrissent et tombent avant que les fleurs femelles ne deviennent réceptives. Dans ce cas, le pollen qui féconde un cocotier vient généralement d'un autre cocotier, dont le pollen est apporté par le vent ou par les insectes. Dans ce cas, chaque semence de cocotier provient d'une mère et d'un père, le plus souvent distincts de la mère. Toute la difficulté de la sélection provient de ce que l'on choisit souvent la mère (le cocotier sous lequel on ramasse la semence) mais que l'on ne connait ni ne contrôle le père (pollen apporté par le vent ou les insectes).


Il existe également des possibilités de fertilisation entre deux inflorescences successives sur le même cocotier. Dans ce cas, le pollen de la nouvelle inflorescence fertilisera les fleurs femelles de la précédente inflorescence (Bourdeix  et al., 2015). Ceci est particulièrement fréquents chez les Nains Compacts Polynésiens: en fin de saison sèche, quelques jours après la première grosse pluie, deux inflorescences sortent pratiquement simultanément sur de nombreux cocotiers.

Nain Vert Compact à petit fruits produisant
deux inflorescences presque simultanées
lors d'une sécheresse suivi d'une pluie
Nous avons réalisé un poster sur la biologie de la reproduction du cocotier, dont il existe pour l'instant seulement une version anglaise. Ce poster pourrait être amélioré et traduit en français. 


Références 
Bourdeix R., Konan JL et N'Cho YP, 2005. Cocotier, guide des variétés traditionnelles et améliorées. Montpellier, France, Editions Diversiflora, 104 p.